Samedi 22 novembre 2025
Concerts & dépendances
mercredi 22 octobre 2025 à 21h40
Florent Albrecht et son ensemble L’Encyclopédie donnaient un concert lundi soir 20 octobre à la Salle Gaveau. La salle était pleine, avec un public très familial et de nombreux enfants. Le programme était consacré à Mozart, père et fils, Léopold et Wolfgang, et les musiciens ont pris un soin tout particulier pour rendre la musique et la soirée le pus accessible. Malgré tout, quelques personnes, sans doute trop éloignées de cette musique savante, sont parties avant la fin, et parfois même au milieu d’un mouvement ou d’une modulation, émouvante pour le mélomane.
La soirée avait un lien direct avec la parution d’un disque chez Harmonia Mundi, avec juste un changement par rapport à l’enregistrement ;  Le CD se termine par une œuvre étonnante de Mozart (Wolfgang) : La Plaisanterie musicale, œuvre composée juste après la mort de Léopold, et qui est sans doute un hommage tendre et plein d’humour du fils à ce père si important dans sa vie.  A sa place,  Florent Albrecht et son orchestre ont choisi de jouer le très beau concerto en do majeur n° 13, Kv 415, datant de 1783, au piano forte, car Albrecht se revendique fermement « Pianofortiste », dans la lignée de musiciens comme Paul Badura Skoda, l’un de ses inspirateurs.  Fondé en 2020, L’Encyclopédie se veut « historiquement informé », au plus près de ce qu’ont pu être l’esprit et la façon de jouer de l’époque. Florent Albrecht, lui-même âgé de 50 ans, a eu un parcours un peu singulier, avec « une première vie » dans l’industrie du luxe et l’organisation d’évènements, avant de se remettre sérieusement à la musique, avec un diplôme obtenu à Genève en 2018. Il mène alors une carrière en solo, et enregistre un album consacré aux nocturnes de John Field (1783/1837), puis aux Fantaisies de Mozart. Pour ce programme, il a travaillé tout particulièrement avec Jean François Madeuf, trompettiste, qui a fait fabriquer, à partir d’un modèle présent sur un tableau, une petite trompette jouet, ainsi qu’avec David Joignaux, percussionniste qui, lui, s’en est donné à cœur joie avec plusieurs collègues pour faire sonner les grelots des chevaux, un fouet, une crécelle, un chant de rossignol, un appeau de caille et à coucou, et on en passe ! On a même droit au partage de coupe de champagne en cours d’interprétation.
L’idée est donc de montrer la volonté de fantaisie, de joie simple et de fête familiale visée par Leopold Mozart dans sa symphonie des jouets, et dans la promenade en traineau, où on suit le voyage, les tremblements de froid de la princesse,  le passage dans la forêt avec les bruits de la nature. Les musiciens s’amusent et nous amusent tout en jouant remarquablement, et on peut apprécier le vrai talent de Leopold, malgré tout vite dépassé et éclipsé par le génie de son rejeton.
Denis Méchali
 
Le 20/10 à Paris, Salle Gaveau

« Kindermusic »   1CD, durée 57 minutes. HMM 905399. Harmonia Mundi - octobre 2025.
 
• Florent Albrecht en concert le 13/11 à Genève (Fondation-Musée Zoubov/"Mozart,Haydn & Cie") : L’Encyclopédie le 13/12 à Genève (Fondation-Musée Zoubov/Symphonies de Beethoven et Hummel)
mardi 30 septembre 2025 à 09h39

Des contes de Nicklausse ?

On est sorti de la Salle Favart plutôt dépité après y avoir vu et entendu Les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach réduits à une version tronquée, tronçonnée même, aux dialogues réécrits dans une adaptation que l’on n’hésitera pas à qualifier de « pour les nuls » tant elle nous semble ne pas faire confiance, voire faire injure, au public cultivé et considéré comme une des plus traditionaliste de la capitale (mais le public change…).
 Injure aussi aux musicologues Michael Kaye et Jean Christophe Keck qui ont inlassablement travaillé des années pour établir une partition aussi complète que possible de cette oeuvre testamentaire laissée pour incomplète à la mort du compositeur ? La présence d’un texte de Jean Christophe Keck dans le programme de salle cautionnerait t-elle l’option d’avoir confié à Lotte de Beer (directrice du Volksoper de Vienne) une adaptation de l’œuvre qui lui permet de rentrer dans le format « trois heures entracte inclus » pour son retour dans deux des lieux emblématiques de sa création (sur les quatre de la coproduction) :  Paris et Vienne ? Précisons que l’adaptation suppose des coupes sombres dans la musique et que, ayant opté pour la version dite « Guiraud » avec dialogues parlés, elle comporte une réécriture complète des dialogues. Les nouveaux dialogues signés par Peter te Nuyl, dramaturge de l’équipe, censés faire avancer l’action brouillent souvent les pistes de la compréhension, tirent vers le bas par leur trivialité le style de l’œuvre mais surtout, étant confiés principalement à La Muse d’Hoffmann, personnage clé dans la partition complète de Kaye et Keck, ils confèrent à ce personnage une mission de donneur de leçon à Hoffmann sur sa moralité, son essence poétique et son attitude vis à vis des femmes. Est-on toujours chez Offenbach/E.T.A Hoffmann/Carré et Barbier ? 
La production signée Christof Hetzer pour les décors et Jorine van Beek pour les costumes nous a paru (soyons charitable) bien modeste avec son décor unique plutôt défraîchi et ses bien laids costumes contemporains : Hoffmann est fagoté comme un Rodolfo de La Bohème dans un théâtre pauvre. Une option bien décevante à Paris qui a connu depuis un demi-siècle des production des Contes déjà légendaires. Dans un espace étriqué, la direction d’acteurs pèche par son approximation et par des idées saugrenues comme de faire tomber constamment le rideau pour jouer les scènes « capitales » à l’avant-scène, d’abuser des doubles d’Hoffmann ou de faire changer les accessoires de taille : la poupée assise de cinq mètres de haut par exemple ne permet pas à la scène « clé de l’automate » de se dérouler comme prévu. L’acte de Venise est lui méconnaissable… Bref c’est une adaptation dont on aurait dû avoir l’honnêteté de prévenir le public comme le font désormais les théâtres qui proposent des révisions de pièces du répertoire « d’après Shakespeare » ou « d’après Tchekhov ». L’Opéra de Lyon pour l’inauguration de la salle de Jean Nouvel en 1993 avait eu celle de nommer son spectacle adapté pour cause de moyens : « Des Contes d’Hoffmann… ». 
Pour la musique, le chœur Ensemble Aedes et l’Orchestre philharmonique de Strasbourg – le premier coproducteur où a été créé ce spectacle en janvier dernier –, sous l’excellente direction de Pierre Dumoussaud – dont on peut s’étonner aussi, texte dans le programme à l’appui, qu’il cautionne le tronçonnage de la partition –, ont parfaitement dompté l’acoustique singulière de la Salle Favart. La distribution très inégale a été diversement commentée par les différents observateurs. Il nous a semblé que le formidable ténor Michael Spyres n’était pas au mieux de sa forme le premier soir, mais peut être était-il mal à l’aise dans cette étrange réalisation ? Amina Edris qui cumulait les quatre rôles féminins n’était satisfaisante dans aucun, avec une diction non parfaite : coloratures d’Olympia approximatives avec suraigus chantés à l’arraché, peu sensuelle pour Antonia. Pour les quatre rôles « noirs » ce n’est pas la diction qui faisait défaut à Jean Sébastien Bou mais plutôt le grave du registre et aussi la prestance scénique inhérente à ces parties diaboliques. 
C’est bien sûr La Muse/Nicklausse d’Héloïse Mas qui a emporté l’adhésion du public (les publics changent…) pour son indéniable présence scénique mais il nous a semblé qu’elle tirait trop souvent la couverture à elle au détriment de la vérité des autres personnages, notamment du rôle éponyme. Alors, « Des Contes de Nicklausse » ???
Olivier Brunel

• Salle Favart le 25 septembre 2025

• Prochaines représentations les 29 septembre, 1er et 3 octobre, 20h et 5 octobre, 15h

• Photo : Jean-Sébastien Bou (Lindorf/Coppélius/Miracle/Dapertutto) et Michael Spyres (Hoffmann) DR Stefan Brion
 

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