En haute saison, la basilique de Carcassonne ressemble à un hall de gare où les touristes viennent reprendre haleine après avoir échappé aux odeurs de frites et aux boutiques de fripes, aux armures médiévales fabriquées en RPC et aux reproductions de statues garanties PVC. Un petit tour en écarquillant les yeux pour repérer les traces romanes et les souvenirs gothiques, et puis… Et puis, voilà que des voix s’élèvent comme venues de nulle part, tout le monde s’arrête, le silence se fait. Ténor à la voix pure qui monte jusqu’à la voûte, basse profonde à faire trembler les vitraux, le quatuor (parfois quintette) enchaîne deux chants tirés d’une liturgie orthodoxe russe, puis l’un des chanteurs s’adresse à la foule pour vendre ses CD. Depuis 2005, où il est venu en France animer un marché de Noël, le chœur Doros de Moscou a pris ses habitudes en Languedoc-Rousillon comme en Midi-Pyrénées : concerts çà et là et point fixe à Carcassonne où il commence à faire parti du patrimoine, au même titre que les restaurations de Viollet-le-Duc.
Gérard Pangon
« Allez tonton, on va à Londres. » Myrtille continue son apprentissage. En ce matin de juillet, la Tate Modern d’abord : les citernes de l’ex-centrale thermique devenue musée d’art contemporain viennent d’ouvrir au public. « Regarde, le premier ministre ! » (français) débarque incognito à l’entrée Holland Street (véridique). Dans les « Tanks », L’Art en action. Sung Hwan Kim est un poète - sculpteur de mots, d’images et de sons - artiste inter-disciplinaire majeur. Son remix de Gute Nacht (du Voyage d’hiver de Schubert) vaut à lui seul…le voyage. On quitte Ayrault et Schubert, « Direction Trafalagar Square ! », pas pour le Square, mais pour la National Gallery. Je n’en reviens pas. Ni du choix de la nièce, ni du spectacle à l’entrée du Musée : personne, pas de queue ! A nous le Titien, trois tableaux spécialement réunis, dédiés à Diane et à Actéon – le prince de Thèbes, transformé en cerf puis dévoré par ses chiens pour avoir surpris Diane au bain. En association avec le Royal Opera House, l’événement réunit autour de ces trois chefs d’œuvres huit chorégraphes dont Wayne Mac Grégor, et trois compositeurs dont Mark-Antony Turnage. Chris Offili, Conrad Shawcross et Mark Wallinger ont conçu les décors et les costumes. A spectacular multi art project. Je la vois triturer son smartphone. « Actéon… mars 2013… Opéra de Lille… tu m’y emmèneras ? » Elle ne serait pas un peu snob, la nièce ?
Albéric Lagier
Photo : Diane et Actéon par Lucas Cranach