Samedi 27 juillet 2024
Festival de Saintes 2024 - 2
Bach et les autres par Gli Angeli
Schütz, Buxtehude, Bach, et Pärt - Magnificat

Un concentré de Magnificat, voilà un programme attirant, d’autant que l’Ensemble genevois Gli Angeli dirigé par Stephan MacLeod est un habitué du Festival et des musiques sacrées.
       Schütz pour commencer, avec le quatrième de ses Magnificat, en allemand et daté de 1669, sur le texte des psaumes 119 et 110. Cette partition typique des débuts du baroque allemand est chantée par deux chœurs à quatre voix, que Stephan MacLeod dirige en montant régulièrement ses bras vers le ciel, comme pour les inciter à sublimer cette musique. 
      Le second Magnificat est signé Dietrich Buxtehude, organiste si célèbre en son temps que Bach fit 400 km à pied d’Arnstadt à Lübeck pour le rencontrer. Gli Angeli alterne donc parties d’orgue et parties chantées, dans un contraste impressionnant.
      La cantate BWV10 écrite par Jean Sébastien Bach pour la Visitation de la Vierge date de 1724. Le texte tiré de saint Luc, est en allemand, d’où son surnom de « Deutsches Magnificat », et Stephan MacLeod continue de propulser les chanteurs vers le firmament.
      Autre décor pour le Magnificat d’Arvo Pärt : les chanteurs rassemblés tout au fond du chœur de la cathédrale sont devenus invisibles et psalmodient a capella le texte classique en latin. Le style tintinnabulli du compositeur estonien prend toute sa force, le minimaliste envahit l'espace, renvoie chacun à son monde intérieur. Pärt est plus que jamais surréel.
      Placé en fin de concert, le Magnificat en ré BWV243 de Jean Sébastien Bach est tout indiqué pour terminer en apothéose : partition connue, trompettes et timbales pour tonitruer, chœurs amples, parties de solistes en morceaux de bravoure, tous les ingrédients sont là. Mais Stephan McLeod cultive la sobiété : pas de trompettes mais des traversos, un tempo vif, des solistes pas toujours au top, bref, on comprend maintenant pourquoi Stephan MacLeod dirige avec des mouvements de bras vers le haut : son Ensemble joue bien, très bien même, mais il manque ce petit je ne sais quoi qui emporterait vers le sublime dans un souffle vivifiant ces musiques sacrées. Beaucoup de plaisir, peu de transcendance. Une version que l'on peut qualifer de très belle interprétation profane.

Gérard Pangon

Saintes Cathédrale Saint Pierre 15 juillet Photo © Esteban Martin

Henri Schütz : Deutsches Magnificat « Meine Seele erhebt den Herren » SWV 494 - Dietrich Buxtehude : Magnificat primi toni BuxWv 203 - Johann Sebastian Bach : « Deutsches Magnificat » Cantata BWV 10 ; Magnificat BWV 243 - Arvo Pärt : Magnificat
Aleksandra Lewandowska (soprano), Zoé Brookshaw (soprano), Thomas Hobbs (ténor), Alexander Chance (alto), Stephan MacLeod (basse)
Gli Angeli
Direction musicale : Stephan Macleod

mis en ligne le vendredi 26 juillet 2024

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