Samedi 22 novembre 2025
Concerts & dépendances
La Damnation de Faust au Théâtre des Champs-Élysées
jeudi 6 novembre 2025 à 18h20
Réinventer Faust !

Énième tentative de mise en scène de la légende dramatique La Damnation de Faust d’Hector Berlioz (1846), celle de Silvia Costa pour le Théâtre des Champs-Élysées n’échappe pas à la déception. Pendant des années, cette Damnation était une merveilleuse pièce de concert qui, malgré son découpage en tableaux, possédait grâce à sa dramaturgie interne et à la force du texte adapté de Goethe par Gérard de Nerval, la capacité de permettre au spectateur de rêver son Faust. Une seule fois, en 2001, on a cru au miracle avec la mise en scène pour l’Opéra de Paris par Robert Lepage, metteur en scène canadien virtuose de la vidéo, des éclairages et de la direction d’acteurs. Le travail scénique proposé au Théâtre des Champs-Élysées par Silvia Costa qui signe une mise en scène brouillonne, une scénographie d’une grande laideur et des costumes sans imagination ne montre jamais au spectateur ce que le texte dit et vice versa. « Réinventer Faust « n’est pas une mince affaire, d’autant plus que l’idée de base – le héros est un ado un peu paumé vivant entouré de nounours dans une chambrette – fait vite long feu : rien ne permet à la légende d’exister scéniquement et tout distrait inutilement l’oreille.
Dommage ! car si elle n’est pas idéale, la distribution réunie a des atouts mais aussi des angles. On y attendait Benjamin Bernheim, le ténor vedette de l’opéra français. Il se plie sans mal aux étranges exigences scéniques, Sa diction est toujours impeccable et il possède les redoutables aigus du duo d’amour et l’endurance du souffle pour son air d’entrée, mais on reste sur sa faim pour ce qui est du phrasé berliozien si particulier qu’il ne maîtrise pas encore. La mezzo-soprano russe Viktoria Karkacheva (Marguerite), elle aussi de belle diction et dont le programme de salle nous apprend qu’elle a un timbre « rond » (!), chante ses airs et duos avec une voix belle, saine et qui projette bien. Ce qu’on fait de son personnage sur scène ne dessert pas sa prise de rôle. L’Américain Christian Van Horn est plus basse que baryton-basse, sa diction est imparfaite, cela enlève beaucoup de crédibilité à sa caractérisation un peu fantaisiste de son Méphistophélès. Le Chœur de Radio France qui accumule les petits décalages n’a pas su donner sa force de personnage qu’il a dans cette partition. L’Orchestre Les Siècles jouant sur instruments d’époque malgré la direction très énergique et attentive aux chanteurs de Jakob Lehmann n’a pas réussi à insuffler le souffle berliozien que l’on attend tant dans cette légende dramatique. On ajoutera, au discrédit de cette soirée tiède, que l’entracte qui coupe sans raison artistique l’action est pour beaucoup un mieux mais toujours l’ennemi du bien. 
Olivier Brunel
 
• Soirée du 3/11 au Théâtre des Champs-Élysées, Paris
 
• Prochaines représentations les mercredi 12 (19h30) et samedi 15/11 (18h)
 
photo : Viktoria Karkacheva (Marguerite) et Benjamin Bernheim (Faust) © Vincent Pontet
 

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