Lundi 15 décembre 2025
Le Petit Faust à l'Athénée-Louis Jouvet
Tournez manège… !

Soyons reconnaissant aux Frivolités Parisiennes de nous offrir ce Petit Faust, succulente parodie du Faust de Gounod, tout juste créé au Théâtre Lyrique, en 1859. Dix ans plus tard, tandis que l’œuvre entrait au répertoire de l’Opéra de Paris, Hervé, Hector Crémieux et Adolphe Jaime offraient au public du Théâtre des Folies Dramatiques un opéra-bouffe, leur Petit Faust qui allait toucher un public plus vaste que celui des cercles bourgeois parisiens. Place au divertissement ! Il faut certes pour savourer toutes les subtilités de ce Petit Faust bien connaitre le grand, lui-même déjà quelque peu parodique, mais qu’importe, plusieurs numéros comme la Tyrolienne du Vaterland, le Chœur des soldats mené par Valentin Le Satrape et la puce … ou la puce elle s’attrape ou encore la Balade du Roi de Thuné (qui perd ses bretelles) sont irrésistibles et peuvent être appréciés tels quels. 
Face à la difficulté de restituer le premier degré d’époque – très parodique ! – du livret, Les Frivolités Parisiennes et Sol Espeche, le metteur en scène, ont opté pour plonger l’ouvrage dans un univers cathodique décalé dans le temps mais efficace, tant il est vrai que le public d’aujourd’hui n’est jamais aussi satisfait que quand on lui donne à voir au théâtre… ce qui ressemble à ce qu’il voit à la télévision. Avec un procédé efficace mais non exempt de complaisances, ce Petit Faust pastiche des jeux télévisés avec meneur de jeu hyper-vitaminé (excellent Maxime Le Gall dans le rôle de Patrick Lepion) et chorégraphies désopilantes. Présenté au préalable à Tours et à Reims, ce spectacle ne séduit pas avec autant d’entrain les Parisiens qui mettent un certain temps à saisir la transposition en show télévisuel, mais le procédé se révèle hautement efficace pour rendre vie à une opérette écrite il y a un siècle et demi – Faust et Carmen étant les œuvres les plus représentées sur les scènes lyriques de la planète. Tous les interprètes crèvent l’écran, si l’on peut dire, en particulier la Marguerite très délurée d’Anaïs Merlin, le Valentin déjanté d’Igor Bouin ou bien encore la mezzo-soprano Mathilde Ortscheidt en Méphisto, à qui est dévolu quelques morceaux de bravoure (Rondeau de Méphisto !) – et Sammy El Ghadab dirige avec beaucoup d’enthousiasme cette exquise partition à la tête de l’Orchestre des Frivolités Parisiennes. 
Olivier Brunel
 
• Paris, Théâtre Athénée-Louis Jouvet, soirée du samedi 13 décembre
• Prochaines représentations les les 17, 19 et 20/12, 20 h 
• Photo © Marie Pétry

Hervé : Le Petit Faust
Charles Mesrine (Faust), Anaïs Merlin (Marguerite), Mathilde Ortscheidt (Méphisto), Igor Bouin et Philippe Brocard (Valentin) Maxime Le Gall (Patrick Lepton)
Les Frivolités Parisiennes
Direction musicale : Sammy El Ghadab
Mise en scène : Sol Espeche

mis en ligne le lundi 15 décembre 2025

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