Dimanche 28 avril 2024
Concerts & dépendances
Zémire et Azor, La Belle et la Bête façon Michel Fau
samedi 24 juin 2023 à 00h34
Fin de saison et retour aux sources à l’Opéra-Comique : Zémire et Azor d’André-Ernest-Modeste Grétry sur un livret de Jean-François Marmontel (1771). Non pas La Belle et le Clochard, mais La Belle et la Bête, thème éternel de l’amour au-delà des apparences. Pour mettre en scène cet archétype du genre, triomphe en son temps, Michel Fau n’a pas convoqué les mânes de Jean Cocteau, et sa Bête n’a pas les traits artistement velus de Jean Marais. Il n’a pas non plus convoqué Freud, qui aurait pourtant bien des choses à dire sur les troubles désirs de la Belle : la musique de Grétry, si simple en apparence mais admirée de ses grands contemporains, et le livret de Marmontel, élégamment versifié, laissent ouvertes bien des portes en prenant garde qu’elles le restent. Dans un décor-boîte surmonté d’un ciel nuageux, sur lequel règne une Bête évoquant l’insecte humain de Kafka (La Métamorphose) et dont les ongles immenses font penser à l’Edward aux mains d’argent de Tim Burton, on est au pays des contes - puisque l’histoire est transposée dans l’orient des Mille et une nuits, où une Fée perverse personnifiée par Michel Fau lui-même finit par rendre son apparence flatteuse au jeune prince qui, même laid, aura su se faire aimer. Trop de classicisme peut-être, là où l’on attendait plus de folie, même si dans maints détails l’humour à froid de Fau fait mouche, et si les costumes somptueux signés Hubert Barrère nous transportent dans un Orient subtilement versaillais (suberbe robe de Zémire, brodée par les soins de la maison Lesage). A la tête d’un ensemble Les Ambassadeurs – La Grande Ecurie très au point, Louis Langrée ose cette folie, anticipant un répertoire qui fera les beaux jours de la maison. Gros succès pour Julie Roset, Belle aux vocalises de rêve, pour Marc Mauillon, méconnaissable sous son turban de père de la Belle dépassé par les événements, pour Philippe Talbot, Bête aux accents déjà romantiques. Quel plateau ! 
François Lafon

Opéra-Comique, Paris, jusqu’au 1er juillet (Photo © Stefan Brion)

 

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