Nouvelle présentation du Barbier de Séville de Rossini à l’Opéra Bastille, empruntée au Grand Théâtre de Genève. Pourquoi pas - en ces temps de restrictions budgétaires - une reprise de la mise en scène plutôt réussie de Coline Serreau, au répertoire depuis 2002 ? Volonté de Stéphane Lissner, nouveau directeur de la maison, de rompre avec le passé ? On jurerait en tout cas que le spectacle signé Damiano Michieletto a été conçu pour le plateau géant de Bastille, avec sa maison tournante de trois étages, où l’on suit comme au cinéma les courses poursuites et les parties de cache-cache des protagonistes, mais aussi la vie très animée de tout un petit peuple. « Je préfère appréhender les œuvres de Rossini en m’appuyant sur des références modernes », explique Michieletto, qui ne fait en cela que suivre la mode. De fait, son actualisation mi-Pedro Almodovar mi-Dino Risi, inventive, souvent drôle, débouche sur une interprétation plutôt traditionnelle de l’ouvrage (rien n’empêche la jeunesse de s’émanciper), là où celle de Coline Serreau (l’Afrique du nord, une fille échappant à un mariage forcé) posait des questions plus actuelles, en tout cas plus aigues. Plateau équilibré, où l’on retrouve quelques grands titulaires (Karine Deshayes en Rosine, Dalibor Jenis en Figaro), direction vivante et précise du spécialiste Carlo Montanaro. Deux distributions en alternance : peut-être à l’usage le spectacle acquerra-t-il le grain de folie alla Marx Brothers qui lui manque encore et le rendra totalement irrésistible.
François Lafon
Opéra National de Paris Bastille, jusqu’au 3 novembre. Diffusion en direct au cinéma le 25 septembre et sur Culturebox à partir du 26 septembre. En différé sur France 3. Photo © Opéra de Paris - B. Coutant