Mardi 1 juillet 2025
Des berceuses "alla francese"
Bach réinventé par Jean Rondeau
Bach - Goldberg Variations

« Jamais personne n’avait encore entrepris d’interpréter cette œuvre sur les instruments de notre formation, » lit-on en exergue de ces Variations Goldberg, signées Nevermind (« pas grave » en français). And for good reason ? (« Et pour cause ? »). Destinées, paraît-il, à agrémenter les nuits d’un comte Letton et insomniaque, Bach n’a pas pour autant versé dans le style, c’eût été trop facile, de la berceuse. À partir d’un thème, ce sont une trentaine d’histoires, jamais tout à fait les mêmes, ni tout à fait autres, toutes conçues pour créer un univers propre à accompagner l’endormissement par une alchimie dont le Cantor de Leipzig a gardé le secret. Or ici, les variations s’enchaînent dans une veine évoquant tantôt le Songe d’Atys, tantôt des pastorales de Rameau, tantôt l’une d’avant, sans craindre de les étirer sur 1 h 38. Une ambiance de salon parisien, jusque dans les ornementations jouées avec tant de préciosité par une flûte champêtre que Bodin de Boismortier n’aurait pas reniée. Mais quoi, l‘auteur des Inventions n’y aurait peut-être rien vu de mal, lui qui ne cessait de conseiller à ses interprètes d’inventer. Pas grave, donc. En revanche, en 2022, Jean Rondeau avait le sentiment que les Variations Goldberg ont été écrites pour le silence. Aujourd’hui, le legato règne. Mais que s’est-il donc passé entre-temps ?
Albéric Lagier

Variations Goldberg BWV 988
Nevermind : Anna Besson (flûte), Louis Creac’h (violon), Robin Pharo (viole de gambe), Jean Rondeau (clavecin et orgue)
2 CD Alpha-Classic Alpha1116 (Outhere)
1 h 38 min

mis en ligne le lundi 30 juin 2025

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