Un Festival Mozart au Théâtre des Champs-Elysées, comme un écho de celui qu’organisait chaque année Daniel Barenboim du temps où il était directeur de l’Orchestre de Paris. Cette fois, on commence par Idomeneo, le jeune Jérémie Rhorer est au pupitre de son Cercle de l’Harmonie, la mise en scène et la scénographie sont signées Séphane Braunschweig. Sons d’époque et images contemporaines : un spectacle à la mode, en somme. Sur scène, une coque de bateau transformable en bois strié, façon Buren. Costumes modernes pour cette tranche de mythologie dont la psychanalyse fait son miel : antagonisme père-fils, hérédité, culpabilité. Selon Braunschweig, la quotidienneté des costumes et des attitudes rapproche le mythe de nous. Pas sûr : chacun joue, fort bien, « comme au cinéma », mais peine à trouver l’ampleur dramatique requise. Rhorer va dans le même sens : direction élégiaque, assez lente, équilibre millimétré des chœurs et des ensembles. Comme les voix ne sont pas grandes, cela donne un Idoménée de chambre, qui se souvient de son ancêtre, la tragédie lyrique française de Campra. Pourquoi pas ? On savoure le style de Richard Croft (Idoménée), la fraîcheur de Sophie Karthauser (Ilia). Pour un Idoménée grand format, on reviendra à l’enregistrement de René Jacobs, paru il y a deux ans.
François Lafon
Théâtre des Champs-Elysées, le 19 juin à 17h, les 21 et 22 juin à 19h30. Version de concert le 9 juillet au Festival de Beaune.