Arts réunis au Grand Palais, avec un concert Karlheinz Stockhausen- Salvatore Sciarrino (festival Agora) dans les replis de Leviathan, structure géante signée Anish Kapoor dans le cadre de l’exposition Monumenta 2011. « Le Leviathan d’Anish Kapoor est un lieu de rencontre, d’émotion de surprise. C’est pour cela que l’oeuvre accueille, pour des rendez-vous intimes, des artistes, des musiciens, un écrivain, des danseurs ou un jongleur ». Ce soir, en fait de rendez-vous intime, c’est une foule impressionnante (deux-cents mètres de queue, dehors) qui se presse autour des musiciens de l’Ensemble musikFabrik, venus de Cologne. Au programme, des œuvres que l’on croirait réservées à un cadre intime : deux Stockhausen (In Freundschaft – En toute amitié – pour cor solo, et Oberlippentanz – Danse de la lèvre supérieure – pour trompette piccolo) et un Sciarrino (Mur d’horizon, pour flûte en sol, cor anglais et clarinette basse). On entend assez bien, somme toute, ces pièces à la fois austères et acrobatiques. Il y a, sur les galeries, des visiteurs facétieux qui ne sont pas venus pour la musique : cris d’oiseaux, effets d’échos, rires appuyés. Il y en a aussi qui veulent tester l’acoustique du lieu encombré de l’énorme ballon marron en courant d’un point à un autre de la nef. Une foule insaisissable – ni tout à fait musique contemporaine, ni vraiment faune d’expositions. Des jeunes couples comme il faut, des messieurs en complet gris. Depuis un mois, l’installation du radical Kapoor fait un tabac. Alors pourquoi pas un peu de musique avec, façon Arte povera ? Agora, inauguré le 8 juin à l’IRCAM par le spectacle Luna Park de Georges Aperghis, y a en tout cas trouvé un public.
François Lafon