Parution, aux Editions du Pommier (collection Co-loc), de Figures du Messie, un recueil choral à propos du Messie de Handel révisé par Mozart, donné au Châtelet en mars 2011 dans une mise en images virtuelles d’Oleg Kulik. Quelques belles signatures - parmi lesquelles Florence Delay, Vincent Delecroix, Jean-Claude Guillebaud, Bernard Sichère, Gilles Cantagrel - dans le sillage des têtes pensantes de l’opération : Michel Serres (directeur de la collection et prêcheur au sein du spectacle), Benoit Chantre (dramaturge dudit spectacle), et le philosophe René Girard, grand maître de la théorie du bouc émissaire et du désir mimétique. C’est dire le sérieux du propos, ainsi que la vocation pastorale de cette réflexion autour du plus célèbres des oratorios, composé en trois semaines par un Handel inspiré. On en oublierait presque que ce Messie relooké était musicalement lourd et dramatiquement opaque, comme pour montrer que l’évidence céleste n’est pas de ce monde. A la fin de l’article qu’il consacre à cette parution dans son blog La République des livres, Pierre Assouline rappelle que dans la maison jumelle de celle où Handel a composé Le Messie, Jimi Hendricks a vécu en 1968 et 1969 avec sa petite amie anglaise Kathy Etchingham, et « se prend à rêver de ce que la guitare de Jimi aurait pu faire de l'"Alleluia" du Messie de son voisin de palier, avec le génie qu'il déploya lorsqu'il s'empara du Star Spangled Banner à Woodstock. ». L’évidence céleste, peut-être.
François Lafon
Figures du Messie. Editions Le Pommier, collection Co-loc, 206 pages, 17 €.