Vendredi 26 avril 2024
Bach élastique
Les Goldberg ondoyantes et charnues de Jean Rondeau
 
Le même, pas pareil
Bach au carré
Kenneth Weiss
Bach - Goldberg Variations - Jean Rondeau

« Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui, » disait Sacha Guitry. Pourrait-on dire la même chose de Bach ? Sans aucun doute. Sauf s’il est joué par Jean Rondeau. Depuis ses débuts le claveciniste n’a cessé de surprendre. Dans Scarlatti déjà, il cultivait le silence (voir ici), il poursuit dans les Variations Goldberg sa quête du temps suspendu. Johann Gottfried Goldberg, l’élève de Bach, qui paraît-il a interprété ces Variations en 1741 à l’âge de quatorze ans, était un surdoué du clavier. Jean Rondeau ne l’est pas moins, c’est ainsi qu’il peut imprimer sa marque sur tout ce qu’il touche, laisser libre cours à son goût de la liberté. Son Bach respire, prend parfois des rythmes un peu jazzy (variation I) ou s’étire à l’envi (l’Aria est d‘une durée inhabituelle), se gonfle d’une ampleur singulière (variation XIV) ou bien se pare de lignes mélodiques épurées (variation XIX) ou encore carillonne à toute volée (variation XXVIII). Cette interprétation « élastique » mais totalement maîtrisée, parfois « extrémiste » dans ses tempos, peut dérouter les adeptes d’un Bach plus sage, plus métronomique. Mais en parcourant à sa façon, avec un son charnu, les différentes étapes de l’itinéraire Goldberg, Jean Rondeau propose une déambulation que l’on n’oublie pas.
Gérard Pangon

Variations Goldberg BWV 988
Jean Rondeau (clavecin)
2 CD Erato 0190296508110 (Warner Classics)
1 h 47 min

mis en ligne le vendredi 11 février 2022

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