Vendredi 25 avril 2025
Une Limpide ambiguïté
Ultime interprétation de Haitink toute aussi nuancée de la 15e Symphonie de Chostakovitch

Ultime chef-d’œuvre symphonique de son auteur, la Quinzième symphonie de Chostakovitch se caractérise par son économie de moyens au service d’une expression énigmatique. Autant dire que cette partition convenait particulièrement à l’art nuancé du chef Bernard Haitink. Aux deux témoignages amstellodamois déjà disponibles, un studio de 1978 (Decca [voir ici]) et un concert de 2010 (RCO live), le label de l’Orchestre de la Radio bavaroise ajoute à présent une captation de 2015. Si entre 1978 et 2010, Haitink avait manifestement affiné sa conception pour arriver à un résultat d’une plasticité fascinante, on relève beaucoup moins de différences entre les deux concerts. Toutefois, les couleurs automnales propres à la formation de la Radio bavaroise induisent une image plus sombre y compris dans les facéties du premier mouvement qui gagnent ainsi une ambivalence supplémentaire donnant un sentiment d’unité inédit à la partition. Les incomparables solos de l’Adagio ne versent jamais dans l’expressionnisme ou l’extériorité. Le chef et les musiciens semblent plongés dans une insondable introspection tandis que l’Allegretto ressemble à un jeu de questions restant cruellement sans réponses. Les citations wagnériennes du dernier mouvement n’ont peut-être jamais sonné autant naturelle. Cela tient à la fois de l’idiomatisme de l’orchestre et de l’habilité du chef à fondre l’ensemble sans perdre en acuité. Jusque dans les mystérieuses dernières pages, Haitink conserve toute l’ambiguïté de cette musique. Tout le contraire d’un témoignage de trop.
Thomas Deschamps

Chostakovitch : Symphonie n° 15
Orchestre symphonique de la Radio bavaroise
Direction musicale : Bernard Haitink
1 CD BR Klassik 900 210 (distr. par Outhere)
45 min.

mis en ligne le mercredi 23 avril 2025

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