Vendredi 19 avril 2024
Une légende ukrainienne chez les Soviets
Retour discographique sur Reinhold Glière, compositeur ukrainien
Ilya Mourometz

Né à Kiev d’un père facteur d’instruments venu de Liège et d’une mère d’origine polonaise, Reinhold Glière (1875-1956) étudia au Conservatoire de Moscou ainsi qu’à Berlin la direction d’orchestre avec Oskar Fried. Lui-même enseignant, il eut parmi ses élèves Khatchatourian, Knipper, Mossolov et Prokofiev – dont il dirigea la création du 1er Concerto pour piano en 1916. Son intérêt pour les styles populaires, notamment d’Azerbaïdjan et d’Ouzbékistan, lui fit composer plusieurs ouvrages lyriques, dont Chakh-Sénem créé en langue azérie à Bakou en 1934. Dommage qu’aucun de ses opéras n’ait connu de reprises, que ce soit Le Ciel et la Terre d’après Byron (1900), Rachel d’après Mademoiselle Fifi de Maupassant (1943) adapté par Boulgakov (!), suivis de Leili et Medjnun et Gulsara cosignés avec Talib Sadykov. Mais, aux côtés de son Concerto pour soprano colorature et orchestre de 1946 enregistré par des voix aussi célèbres que celles de Sutherland, Gruberova, Berger… ou Natalie Dessay, son œuvre la plus fameuse demeure sa 3ème Symphonie « Ilya Murometz », d’une durée généreuse (près d’une heure et trente minutes), créée en 1911. Dotée d’une orchestration luxuriante, la partition qui s’inscrit dans une veine postromantique à la manière d’un poème symphonique en quatre parties, suit les aventures du héros légendaire Ilya Murometz au service du prince de Kiev, à la fin du Xème siècle. Entre Manfred de Tchaïkovski, le Poème de l’extase de Scriabine et la Symphonie alpestre de Strauss, cette partition grandiose est à redécouvrir d’autant qu’on ne la dirige plus guère au concert, alors qu’elle bénéficie d’un passé prestigieux au disque. Si Stokowski, dont il existe au moins deux enregistrements – en 1940 avec Philadelphie (Biddulph) et en 1957 avec Houston (Angel/EMI) en grava une version écourtée – de près de la moitié, paraît-il avec l’accord du compositeur ! –, d’autres chefs lui emboîtèrent le pas comme Ormandy (Sony) et Fricsay (DG). En revanche, Scherchen, à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Vienne enregistra bien la version complète, la seule, l’unique, en 1952 (Westminster). Une référence, heureusement rééditée, tout comme les interprétations signées ensuite par Harold Faberman (Unicorn-Kanchana, 1988) et Edward Downes (Chandos, 1991).   
        Franck Mallet

Glière : Symphonie n° 3 op. 42 "Ilya Murometz"
Orchestre de l'Opéra de Vienne
Direction musicale : Hermann Scherchen
1 CD Westminster 00289 479 2356 (distribution Universal)
1 h 21 min

mis en ligne le lundi 18 avril 2022

Bookmark and Share
Contact et mentions légales.
Si vous souhaitez être informé des nouveautés de Musikzen laissez votre adresse mail
De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.