Vendredi 19 avril 2024
Un face à face douloureux pour le chef
Bruch et Weingartner par l’Octuor de France
Septuor op. posthume - Octuor op.73

De la petite centaine d’œuvres inscrites au catalogue de ses œuvres, on ne connait guère de Max Bruch que son premier concerto pour violon, qui annonce celui de Brahms, et, pour les plus avertis, sa Fantaisie écossaise, à la harpe bientôt wagnérienne. Compositeur apprécié de son vivant, jugé passéiste après sa mort, il reste aujourd’hui à découvrir. Le septuor a été écrit par un enfant de onze ans qui déjà maîtrise absolument l’écriture musicale : un autre Mendelssohn, qu’il n’est pas sans rappeler d’ailleurs. La formation est classique (hormis le deuxième violon, remplacé par un alto) ainsi que la structure en sonate, mais pas la veine mélodique, en avance sur son temps. La fraîcheur du premier mouvement, l’ambiance sombre et sereine de l’adagio, l’humeur facétieuse de l’allegro, la dimension ample du largo final en font une œuvre très personnelle, où chaque instrument est élégamment mis en valeur. Malgré son intérêt, cette partition n’a été exhumée qu’en 1987 – d’où son titre de « posthume ». Le décor change avec l’octuor de Felix Weingartner, écrit par ce célèbre chef d’orchestre qui avait alors 62 ans. L’œuvre distille le sentiment d’un monde passé, et en adopte le style – passé, voire compassé. Et peu à peu, nous voilà transposés dans l’univers de La Mort à Venise, le roman de Thomas Mann : Weingartner face à Bruch comme Aschenbach face à Tadzio ? Mais Bruch est loin de n’être qu’un éphèbe de la musique, et l’on aurait bien échangé d’autres de ses pages contre celles de Weingartner. Regret accru par la qualité de l’interprétation de l’Octuor de France…
Albéric Lagier

Bruch : septuor op. posthume (1849) - Weingartner : octuor op. 73 (1925)
Jeff Cohen (piano)
Octuor de France
1 CD Calliope
1 h 25 min

mis en ligne le jeudi 13 octobre 2011

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