Vendredi 19 avril 2024
Sur la route d'un vieil empire
Iván Fischer donne des accents populaires à la Titan de Mahler
Symphonie n°1 \"Titan\"

Chants d’oiseaux, mélodies faussement naïves (tirées de ses lieder), marches funèbres teintées d’ironie : tout l’univers de Mahler est déjà dans cette " Titan " dont on a oublié le prétexte littéraire (un roman archi-romantique de Jean-Paul Richter) qui a impulsé la composition. « Comme un bruit de la nature », indique le compositeur au tout début de sa Première symphonie. Iván Fischer suit l’indication au pied de la lettre mais fait bien plus que planter le décor. Il n’est guère étonnant que le chef qui a su si bien exalter les racines populaires de la musique de Bartok sache déceler chez Mahler le moindre accent rustique, tout ce qui le lie encore à la Mitteleuropa provinciale qui a nourri son imaginaire sonore. La nostalgie envahit le premier mouvement et le Scherzo est véritablement une danse dont on entend les accents populaires. Mais le clou de cette interprétation se trouve dans le troisième mouvement : on y sent passer, comme sur une route du vieil Empire austro-hongrois, un cortège de tsiganes, une bande de musiciens ambulants, le brouhaha d’une taverne. Avec de petites touches, Ivan Fischer sait mettre en lumière tout ça sans verser pour autant dans la vulgarité ni forcer le trait. Et si l’Orchestre du Festival de Budapest n’a certes pas le pedigree mahlérien du Concertgebouw (surtout dans le finale), cette " Titan ", moins titanesque que paysanne, confirme les affinités de Fischer avec Mahler.
Pablo Galonce

Symphonie n°1
Orchestre du Festival de Budapest
Direction musicale : Ivan Fischer
1 SACD Channer Classics CCS SA 33112
55 min

mis en ligne le mercredi 5 septembre 2012

Bookmark and Share
Contact et mentions légales.
Si vous souhaitez être informé des nouveautés de Musikzen laissez votre adresse mail
De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.