Mardi 30 septembre 2025
Julie M, en garde et en scène par la Compagnie Les Perles de verre

À fleurets mouchetés autant que couverte de milles baisers : ainsi Mademoiselle de Maupin, héroïne et titre du roman de Théophile Gautier publié au milieu du XIXe siècle et inspiré de la vie tumultueuse et brève de la chanteuse et comédienne Julie d’Aubigny dite Mademoiselle de Maupin (1670-1707), retrouve les planches de l’opéra après trois siècles écoulés grâce à la mezzo Camille Merckx. Ex Jeune Chœur de Paris remarquée la saison dernière dans le rôle de Marion dans l’opéra Les Ailes du désir d’Othman Louati (Opéra de Rennes, 15 et 16 mais 2014 & Live B Records) – la chanteuse a conçu sous la forme d’un théâtre de poche Julie M, en garde et en scène, premier spectacle de sa compagnie Les Perles de verre. Si Mademoiselle de Maupin, première voix grave féminine à avoir obtenu un succès à l’opéra de de Paris du temps de Louis XIV (Cadmus et Hermione de Lully), pratiquait l’escrime, le travestissement… et fut célèbre pour ses frasques amoureuses, elle représente pour l’écrivain romantique un idéal esthétique, détaché de la morale, suspendu entre rêve et réalité. 
Au soir de la création, le public se place de part et d’autre d’une piste d’escrime (dimensions réglementaires !) où s’affrontent la chanteuse, alias Julie M (Camille Merckx) et son metteur en scène, le comédien David Migeot ; sur le côté, Chloé Sévère au clavecin et Stanley Smith, directeur du festival, en alternance à la viole et au violoncelle. Silence. Tireurs en place, saluts, passes avant et arrière, dégagement, riposte, esquive, un genou à terre : c’est une femme… Julie M s’explique, raconte son enfance, rattachée aux pages du château de Versailles, son mariage forcé, ses cours de chant, ses débuts à l’opéra… et son goût du travestissement, car comme lui fait dire Gautier : « J’ai le corps et l’âme d’une femme, l’esprit et la force d’un homme, et j’ai trop ou pas assez de l’un et de l’autre pour me pouvoir accoupler avec l’un d’eux ». Un dialogue tissé à partir de texte de Letainturier-Fradin, Migeot et bien sûr Gautier, nourri d’airs d’opéras de Campra, Lully, Destouches et Colasse, mêlés de pièces instrumentales (Elisabeth Jacquet de la Guerre) et de chansons populaires satiriques  – dont l’une « Sur la Maupin, pour avoir voulu chanter le rôle d’Armide un ton plus bas » reprise en chœur avec le public, à qui Julie M a distribué les vers. Un original « chemin de traverses », thème du festival, orchestré avec talent par Les Perles de verre autour d’un personnage flamboyant du XVIIe siècle, à revoir bientôt à l’Opéra de Rennes et plus tard en Franche-Comté et en Bourgogne.                                                     

Franck Mallet

• Saint-Benoît-du-Sault, Ancien gymnase, 4 août 2025  

• Reprises du spectacle le 3/10 à Sarzeau (l’Hermine, Espace culturel/56), 16 et 17/10 à Rennes (Opéra/35), 24/03/2026 à Vesoul, Biennale de la Cité de la Voix Elles chantent, composent, dirigent » (Théâtre Edwige Feuillère/70) et 27/03/2026 à Joigny (Salle Debussy/89)  
   
• Photo : Camille Merckx © Andrew Waltham

Camille Merckx (chant), Chloé Sévère (clavecin), Stanley Smith (viole, violoncelle), David Migeot (comédien)
Les Perles de verre
Mise en scène : Jean-Michel Fournereau

mis en ligne le mardi 30 septembre 2025

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