Vendredi 25 avril 2025
Satie-Parade-Planès
Satie portraituré finement en musique… ainsi qu’en peinture par Alain Planès
Satie • Planès

Pierre Boulez, mentor d’Alain Planès qui fut le pianiste soliste de l’ensemble Intercontemporain à sa création, méprisait Satie au point de le traiter de « petit inventeur » ! Mais Planès adorait Satie depuis l’âge de dix ans, et Jacques Février, son « si cher maître », fameux interprète de Debussy, Ravel et Satie, lui recommanda : « de jouer Satie sans sentimentalité, un peu froid ». Après des Debussy d’anthologie (Harmonic Records et Harmonia Mundi) ainsi que des albums non moins réussis consacrés à Schubert, Chopin, Chabrier, Janáček ou Bartók, le pianiste revient à ses premiers amours, ce « précurseur de la musique moderne » selon Ravel. Pas plus romantique que desséché ou mécanique, « son » Satie se révèle comme l’Arlequin de Picasso avec ses touches contrastées, ses couleurs mais aussi ses parties laissées libres, blanches, où il ne reste plus qu’un simple trait – l’épure transparente des Gnossiennes et la candeur des Pièces froides. À la badinerie irrésistible de la Valse-ballet succède la tristesse chopinienne des Gymnopédies. L’interprète ne se laisse pas pour autant piéger par la langueur inhérente de ce piano tire-larmes, il détache les notes pour mieux les projeter à un rythme bien soutenu —  la Quatrième Gnossienne ! Une vigueur et un swing assumés qui viennent du caractère populaire dont découlent ces airs aussi envoûtants que sortis de nulle part — en un mot surréalistes : le piano à quatre mains avec François Pinel des Trois Morceaux en forme de poire, ces Embryons desséchés, à la fois grandioses et dérisoires, ou encore l’ironie bigarrée de Chapitres tournés en tous sens. Le baryton Marc Mauillon apporte idéalement humour et distance aux Trois Mélodies (La Statue de bronze, Daphénéo et Le Chapelier), tandis que ce « Satie-Parade-Planès » se clôt sur le cake-walk La Diva de l’Empire et la valse tourbillonnante de Je te veux. Une passion irrépressible qui nous offre en prime cinq portraits du musicien… par l’interprète.

Franck Mallet

• En concert le 15/07 à Montpellier, Opéra Comédie (Schubert)

Satie : Trois Gymnopédies ; Gnossiennes 1-5 ; Je te veux ; Pièces froides ; Trois Mélodies (*) ; Trois Morceaux en forme de poire (**) ; Valse-ballet ; Chapitres tournés en tous sens ; La Diva de l'Empire
Alain Planès (Pleyel piano) avec Marc Mauillon (baryton, *) et François Pinel (piano, **)
1 CD Harmonia Mundi HMM 902749
1 h 10 min.

mis en ligne le lundi 14 avril 2025

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