Vendredi 9 mai 2025
Le bon disciple
Diction parfaite, naturel et élégance du chant avec Carl Ghazarossian dans la mélodie française d’après Verlaine
Qu’as-tu fait de ta jeunesse ?

Le ténor Carl Ghazarossian et le pianiste Emmanuel Olivier ont enregistré il y a deux ans un savoureux programme Francis Poulenc : « Le cœur en forme de fraise ». On y déplorait l’absence des textes des poèmes. La chose est rétablie avec d’excellents commentaires pour chaque poème dans « Qu’as-tu fait de ta jeunesse ? », leur dernier enregistrement consacré à Paul Verlaine – qui avait déjà inspiré le chanteur pour l’album « Les donneurs de sérénade » chez le même éditeur, il y a une dizaine d’années – avec une liste impressionnante de dix-sept compositeurs allant de Charles Bordes à Louis Vierne.
Il est passionnant de comparer grâce à leurs choix plusieurs versions musicales du même poème. Ainsi sept poèmes ont été choisis dans les recueils Romances sans paroles et Sagesse qui ne portent pas toujours leur titre verlainien dans leurs avatars musicaux successifs. Le plus célèbre peut être « Le ciel est, par-dessus les toits » (Sagesse) s’appelle « Prison » chez Gabriel Fauré et « D’une prison » chez Reynaldo Hahn et garde son titre original chez Déodat de Séverac. « Green » (Aquarelles) reste « Green » chez Fauré, Debussy et André Caplet mais devient « Offrande » chez Hahn ou « Voici » chez Josef Szulc. On découvre au fil de cet excellent parcours des compositeurs comme l’Ukrainien Sergueï Bortkiewicz (un de ceux à qui Paul Wittgenstein avait commandé un concerto pour la main gauche avant même Ravel et Prokofiev), Charles Bordes et Sylvio Lazzari – pour « Spleen » –, le Belge Lucien Mawet pour « L’allée est sans fin » (Paysages belges) qui a inspiré aussi Hahn. Quelques curiosités aussi comme « Un grand sommeil noir » (Sagesse) d’Edgar Varèse et aussi d’Albert Doyen et « O triste, triste » de Gabriel Dupont et Joseph Canteloube pour « Tristesse » (Ariettes oubliées). « C’est l’extase langoureuse » (même receuil) revient en priorité à Debussy et Fauré mais a inspiré aussi Paul Ladmirault, élève de Fauré. Carl Ghazarossian venu du chant baroque – diction parfaite ! – interprète ce répertoire avec naturel et une grande élégance, accompagné avec beaucoup de variété par Emmanuel Olivier sur un Pleyel historique.
Olivier Brunel

Mélodies de Debussy, Caplet, Fauré, Schmitt, Varèse, Sévérac, Lazzari, Hahn, Ladmirault, Canteloube…
Carl Ghazarossian (ténor) Emmanuel Olivier (piano Pleyel)
1 CD Hortus 240
1 h

mis en ligne le jeudi 1 mai 2025

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