Mercredi 24 avril 2024
Saint Valentin ?
Retour discographique sur Valentin Silvestrov, compositeur ukrainien
Cantatas, Orchestral works vol. 1 & 2, Stufen, Silent songs

Entre 1997 et 2001, Megadisc lui consacrait cinq albums, un éventail bien choisi de sa production pour voix, orchestre et piano. Si Monodie se calque sur le style dominant néosériel de l’époque en 1965 – ce qui lui permit d’être joué au Domaine Musical (Paris) et aux Rencontres de Darmstadt (Allemagne) –, son langage évolue une décennie plus tard, quittant un « jeu fragmenté en épisodes » (Frans C. Lemaire) au profit d’un « continuum d’un seul tenant » à l’image de la Symphonie n° 4 (1976). À l’opposé du style tragique de Chostakovitch comme du médiévalisme revisité de Pärt, la 4ème dessine sa propre voie faite de coloris pastel quasi désincarnés, traversés de grondements répétitifs. Guidé par un postmodernisme à la Schnittke, Silvestrov retrouve une forme de lyrisme en lambeaux avec sa Symphonie n° 5 (1980/82), sorte de Mahler à quia, d’après l’ultime Adagio de sa 10ème symphonie. Postludium pour piano et orchestre (1984) confirme ce style détaché, blanc, comme « troué » à la manière du dernier Nono. Portée par la voix – la symphonie pour baryton et orchestre Exigi Monumentum (1985/1987), les deux Cantates, de 1973 et de 1977 et Ode au Rossignol d’après Keats – son écriture apparaît plus aérienne, voire élégiaque – quand elle ne revêt pas des teintes romantiques : le cycle Mélodies calmes (en anglais « Silent songs ») pour voix d’homme et piano qui rassemble en 1985 quatre recueils plus anciens, des années 1970, ou bien encore la mélancolie murmurée de Stufen. Frans C. Lemaire écrivait que l’intériorité du compositeur : « laisse loin derrière elle les expressions conventionnelles de ce que, faute de mieux, on définit un peu trop facilement comme l’Âme russe. » Puisse sa musique trouver de nouveaux auditeurs grâce aux interprètes accomplis rassemblés ici au tournant du XXe siècle.    
        Franck Mallet
• début mars, il quittait Kiev pour se réfugier à Berlin avec sa famille (voir ici)

Silvestrov : Cantates, Ode au Rossignol, Diptych, Monodie, Symphonies n° 4 et 5, Postludium, Exegi monumentum, Stufen, Silent songs
Lidia Stovbun (soprano), Ludmilla Vojnarovska (soprano), Sergej Jakovenko (baryton), Jana Ivanilova (voix), Alexei Martinov (voix), Ivan Sokolov (piano), Valentin Silvestrov (piano)
Kiev Kamerata, Dumka Capella, Ural philharmonic orchestra,
Direction musicale : Virko Baley, Andrej Borejko
5 CD Megadisc (vendus séparémment) MDC 7842, 7837, 7836, 7832 et 7840/41
1 h 17 min, 1 h 06 min, 1 h 08 min, 1 h 12 min et 1 h 49 min.

mis en ligne le mercredi 6 avril 2022

Bookmark and Share
Contact et mentions légales.
Si vous souhaitez être informé des nouveautés de Musikzen laissez votre adresse mail
De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.