Vendredi 26 avril 2024
Épopée du lied
André Tubeuf raconte l'histoire passionnante du lied allemand
Le Lied, Histoire d'un voyage

Chroniqueur, écrivain, conférencier et homme de radio – il fut aussi, entre autres, professeur de philo et conseiller pour la musique auprès des ministres Duhamel et Guy au cours des années 1970 —, André Tubeuf (1930-2021) a enregistré au soir de sa vie une série sur le lied : « Histoire d’un voyage ». Déjà avec Le Chant retrouvé, ouvrage consacré à des artistes lyriques majeures (1979), puis l’exceptionnelle anthologie Le Lied allemand, Poètes et paysages (1993), il avait su communiquer sa passion pour la poésie et le chant, non de façon doctorale mais en mélomane averti, sachant situer les choses dans leur contexte. En 2018, chez lui, face à la caméra de Martin Mirabel, biographe de Domenico Scarlatti et du poète Germain Nouveau, mais aussi réalisateur de documentaires (Martha Argerich, Luca Debargue…), il raconte de nouveau le Lied allemand, de Mozart à Strauss, au fil de sept épisodes d’une quarantaine de minutes.
« Une histoire d’amour… durable… qu’on désire faire partager… au plus grand nombre possible… » déclare-t-il en préambule. Ce beau voyage, cette « harmonie préétablie qui croit dans un ordre du monde qui est bon… non hostile, mais nourricier… » s’ouvre sur Mozart et Beethoven. Le lied nous instruit sur l’accord fragile que l’homme entretient avec « des racines, une spiritualité, une morale, quelqu’un… ». Dès lors, nous cheminons pas à pas dans l’art du cosmopolite Mozart autant que dans l’euphorie beethovénienne du cycle À la bien-aimée lointaine. Schubert, « miracle fondateur… la grâce », occupe à lui seul deux épisodes, de la jeunesse du compositeur aux vingt-quatre stations du célèbre et ultime Voyage d’hiver, entre rêve et regret. Viennent ensuite « Les Fleurs endeuillées » de Schumann, des fantaisies et des arlequinades sous l’emprise romantique de Jean-Paul et Hoffmann – épisode 4 –, puis Brahms, le plus familier et fraternel des compositeurs : « un Franciscain ». Le cas Wolf, « chanteur d’instinct mais pianiste par art » qui par son immédiateté transforme la parole du poète – Mörike – en mélodie, rendant indissociable accompagnement et chant (épisode 6). Mahler, nourri de chant populaire, et ses lieder aux diaprures orchestrales – des Chants d’un compagnon errant au Chant de la Terre en passant par Les Chants pour les enfants morts – et Strauss – Quatre derniers lieder – complètent et terminent ce crépuscule du Lied. Plus de six heures passionnantes et édifiantes illustrées de nombreux lieder interprétés par les plus grands (Hotter, Wunderlich, Ferrier, Della Casa, Ludwig, Baker, Fischer-Dieskau, Schwarzkopf, Seefried…), dont on peut s’étonner qu’aucune chaîne du service public (ou ce qu’il en reste) n’ait souhaité participer et aider à la diffusion… Néanmoins, une leçon, un savoir devenus testamentaires, désormais préservés par le DVD.  
        Franck Mallet

Le Lied, Histoire d'un voyage - Une épopée musicale et poétique à travers l'histoire du lied allemand
2 DVD Bel Air classiques BAC 187 (dist. Outhere) Livret en français, sous-titres en anglais
6 h 01 min

mis en ligne le samedi 2 avril 2022

Bookmark and Share
Contact et mentions légales.
Si vous souhaitez être informé des nouveautés de Musikzen laissez votre adresse mail
De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.