Samedi 20 avril 2024
Vie et destin
Nikolai Lugansky au secours de l’œuvre pour piano de Tchaïkovski
 
Le même, pas pareil
Sviatoslav Richter, le grand timonier
Les Saisons - Grande Sonate

Première production Naïve depuis la liquidation judiciaire du label, ce Tchaïkovski-Lugansky inattendu, le pianiste étant plutôt porté sur Rachmaninov que sur le compositeur du Lac des cygnes, dont l’œuvre pour piano n’a jamais été considérée comme essentielle. Les Saisons – douze pièces courtes, une pour chaque mois de l’année, commandées à Tchaïkovski par la revue mensuelle Le Nouvelliste – le trouvent dans son élément : « Dans Les Saisons, la tragédie n’est pas personnelle, c’est celle de la nature, » note-t-il, tout en évoquant l’Album pour la jeunesse ou les Scènes d’enfants de Schumann. Ajoutés à « l’âme russe selon l’image que s’en font les Européens », sa retenue naturelle, son élégance, son sens du détail y font merveille. Mais la « Grande Sonate » en sol majeur, qualifiée par Tchaïkovski lui-même d’« un peu sèche et complexe », dont les longueurs et les inutiles difficultés techniques découragent bien des pianistes, si ce n’est Sviatoslav Richter, ou Tatiana Nikolaieva, grande dame du piano russe et ... professeur de Lugansky ? Celui-ci, tout jeune, avait déjà enregistré l'oeuvre (Triton - 1995). Il y retrouve la subjectivité schumannienne, au service cette fois du thème tchaïkovskien du destin. C’est surtout par son sens de la grande forme qu’il s’approche de ces grands modèles, au prix (son défaut, parfois) d’une certaine raideur.
François Lafon

Sonate n° 2 en sol majeur, op. 37 « Grande Sonate » – Les Saisons, douze pièces de caractère op. 37b
Nikolai Lugansky (piano)
1 CD Naïve AM 215
1 h 22 min

mis en ligne le vendredi 19 mai 2017

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