Lundi 2 décembre 2024
Une claveciniste du Grand Siècle
Mathilde Mugot crée une atmosphère délicieusement surannée
Le Salon de la rue du Hasard

Au XVIIème siècle, dans une société où les femmes sont cantonnées à des rôles subalternes, rares sont celles qui réussissent à affirmer leur personnalité voire leur indépendance. Si elles reçoivent une éducation artistique, c’est pour se produire comme danseuses, chanteuses ou comédiennes (avec les sous-entendus qu’on peut imaginer). Chez les aristocrates, apprendre à jouer d’un instrument fait partie de la formation des jeunes filles au même titre que le savoir-vivre, et permet de montrer ses qualités lors de soirées privées. Marie-Françoise Certain est de celles-là, soutenue par sa mère qui, par tous les moyens, cultive les personnalités « utiles. » Résultat : recommandée par l’un de ses oncles, proche de la cour, et par l’influent valet de chambre du roi, Mademoiselle Certain finit par rencontrer Lully, qui la prend comme élève, et La Fontaine en 1677, alors qu’elle a tout juste quinze ans, admire « De cette aimable enfant le clavecin unique… » Devenue célèbre, elle tient salon rue du Hasard, dans le quartier du Palais Royal, et La Fontaine ajoute : « Certain, par mille endroits également charmante, et dans mille beaux-arts également savante, dont le rare génie et les brillantes mains surpassent Chambonnières, Hardel, les Couperains.» Cet album de la claveciniste Mathilde Mugot rassemble des pièces qui laissent imaginer l’atmosphère du salon de Marie-Françoise Certain. On joue les airs à la mode, les conversations s’inspirent de l’air du temps, la galanterie est de mise, on commente peut-être la Carte du Tendre de Mademoiselle de Scudéry… La réussite de cet album tient à la restitution délicate de ces moments hors du temps. Le clavecin de Mathilde Mugot vous téléporte dans un XVIIème siècle apaisé.
Gérard Pangon


Le livret de Bertrand Porot résume son étude fouillée et passionnante de la vie et de la personnalité de Marie-Françoise Certain (voir ici)

Jacques Hardel : Suite en ré – Jean-Henri d’Anglebert : Tombeau de Mr de Chambonnières ; Ouverture de Cadmus et Hermione ; Chaconne de Phaeton ; Suite de transcription – Elisabeth Jacquet de la Guerre : Suite II en sol ; Toccade en fa – François Couperin : La Ménetou ; La Séduisante ; Les Papillons – Mademoiselle de Ménetou : Airs sérieux à deux – Jean-Baptiste Lully : Rigaudon extrait d’Acis et Galatée – Anonyme : J’avois crû qu’en vous aymant extrait des Brunettes ou petits airs tendres
Mathilde Mugot (clavecin)
1 CD Seulétoile SE10
1 h 05 min

mis en ligne le mardi 7 mai 2024

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