Vendredi 19 avril 2024
Un Schubert qui en impose
Les Artemis restent la tête dans Beethoven
Schubert - Artemis quartet

Spectaculaire, cette interprétation des trois derniers quatuors de Schubert. Tout y est dissonances, énergie et virtuosité. Les Artémis avaient investi Beethoven, ils misent aujourd'hui sur Schubert. Et toujours, et là encore, dissèquent les structures, exacerbent les tensions, conceptualisent avec maestria. Le sujet envahissant de la Jeune fille, comme de Rosamunde et du 15ème et dernier quatuor, c’est la mort. Ce que Schubert pointe est moins la mort elle-même que les affects qu’elle inspire chez l'éternel voyageur balloté par le destin – ce destin qui fait que là où tu n'es pas, là est ton bonheur. Chez Beethoven, c’est l’inverse. Sa mort à lui, c’est celle du maestoso de sa 12ème sonate pour piano, marche implacable pour un héros – mais il n’y a jamais rien d’héroïque chez Schubert, plutôt de l'ardeur juvénile avec ses insondables déceptions. Si Beethoven est le maître des structures complexes, Schubert a le génie des couleurs changeantes, de celles qui donnent corps à ces frissons alternés de moments de sérénité, ces suspensions silencieuses du temps, et ces irisations bâties sur des tonalités triturées. Qui mieux que lui parle de la mort en sol majeur  – si peu majeur, en fait, par des altérations en cascades - comme il le fait dans le 15ème quatuor ? L’interprétation des Artémis en impose, mais est-ce vraiment Schubert ? Non, ce n'est pas vrai, Beethoven ne se trouve pas ici prononcait Schubert la veille de sa propre mort.
Albéric Lagier

Quatuors n°13 "Rosamunde", n14 'La jeune fille et la mort", n°15.
Quatuor Artemis
2 CD Virgin (2012)
2 h 10 min

mis en ligne le mercredi 11 juillet 2012

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