Vendredi 29 mars 2024
Un long chemin
Haitink, la force tranquille pour Bruckner
Symphonie n° 9

Sur le chemin de battre tous les records de longévité sur les podiums, Bernard Haitink reste, à 85 ans, indéfectiblement fidèle à Bruckner, l’un de ses compositeurs de chevet depuis ses années au Concergebouw d’Amsterdam. Captée sur le vif à Londres, cette Neuvième symphonie résume très bien la personnalité du chef. Haitink n’a jamais aimé bousculer les œuvres et comme il l’a toujours fait dans ses enregistrements de Bruckner, l’interprétation prend son temps avant de prendre son envol. Plus contemplative que déchirante, plus apaisante que tourmentée par le doute, cette Neuvième n’est plus l’Apocalypse façon Karajan ou Barenboim mais plutôt une longue méditation, un long chemin sur lequel Haitink aime parfois s’arrêter pour mieux en montrer les beautés : il fait entendre des détails infimes même dans les passages les plus massivement orchestrés, sait comme personne soigner les transitions et ne se laisse jamais griser par la sonorité de son orchestre. Reste que le LSO est loin d’être aussi congénital pour Bruckner que, par exemple, le Staatskapelle Dresde, superlatif dans une récente Huitième symphonie enregistrée elle aussi sur le vif (chez Hanssler) et l’un des sommets de la discographie de Haitink. Et même si les ingénieurs du son ont fait des merveilles pour capter toutes les nuances de l’interprétation, l’acoustique du Barbican Hall de Londres est toujours mortifère pour Bruckner.
Pablo Galonce

Symphonie n° 9 en ré mineur (ed. Nowak 1951)
London Symphony Orchestra
Direction musicale : Bernard Haitink
1 SACD LSO Live LSO0746
1 h 07 min

mis en ligne le mardi 11 mars 2014

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