Mardi 23 avril 2024
Un fantastique de notre temps
Des Contes d’Hoffmann revisités par le dérangeant Christoph Marthaler
Les Contes d\'Hoffmann
Plus très tendance, le fantastique de music-hall des Contes d’Hoffmann. Mais comme Offenbach a laissé en kit le grand opéra dont il rêvait depuis longtemps, il n’est même plus besoin de revenir à Hoffmann - le vrai – pour imaginer un fantastique de notre temps, plus dur, moins éloigné de notre réalité. Pour ce qui allait être, au Teatro Real de Madrid, le chant du cygne du directeur Gerard Mortier, Christoph Marthaler a enfermé le poète et ses fantasmes féminins dans un de ces lieux détournés dont il a le secret, cette fois une brasserie/école d’art ressemblant beaucoup au Circulo de las Bellas Artes de Madrid. Le filmage ne rend pas toujours bien compte de son génie à occuper l’espace scénique – garçons de café, peintre et modèles, touristes entraînés dans une course folle, contrepoint déroutant de l’action principale. Il met en valeur, en revanche, la justesse de la direction d’acteurs, jusqu’à la Poupée chantante, résultat des manipulations frankensteinesques de son inventeur Spalanzani. Comme souvent dans les spectacles managés par Mortier, les chanteurs sont choisis pour leur personnalité davantage que pour leur voix. Les messieurs s’en tirent plutôt bien, les dames moins, si ce n’est Anne Sofie von Otter, à bout de timbre mais étonnante en Muse/Nicklause (une dame travestie) chargé de ramener Hoffmann le débauché au pays de l’art pur. Elle en devient presque, dans cette « version longue » (la reconstitution, avec des aménagements, due au musicologue Fritz Oeser), le personnage principal du drame. Direction sans effets, voire austère de Sylvain Cambreling, en accord avec la rudesse de l’ensemble.
François Lafon
Les Contes d'Hoffmann
Eric Cutler (Hoffmann), Anne Sofie von Otter (La Muse / Nicklause) ; Vito Priante (Lindorf ; Coppélius ; Dr. Miracle ; Dapertutto), Christoph Homberger (Andrès ; Cochenille ; Frantz ; Pitichinaccio) ; Ana Durlovski (Olympia) ; Measha Brueggergosman (Antonia ; Giulietta), Jean-Philippe Lafont (Maître Luther ; Crespel)
Choeurs et Orchestre du Teatro Real de Madrid
Direction musicale : Sylvain Cambreling
Mise en scène : Christoph Marthaler
Réalisation : Jérémie Cuvillier
1 DVD Bel Air Classiques BAC 124
3 h 13 min
mis en ligne le vendredi 18 décembre 2015
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De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.
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