Jeudi 28 mars 2024
Triple saut périlleux
Matsuev et Gergiev emmènent Chostakovitch au cirque
Concertos pour piano de Chostakovitch et Chédrine

Les enregistrements de la musique de Chostakovitch pleuvent. C’est de saison, certes, mais cela traduit sans doute aussi un intérêt croissant pour le compositeur. Comment expliquer sinon la parution de cette nouvelle version des concertos pour piano, chapitre somme toute mineur dans sa production ? En même temps que Korobeinikov, voici donc Denis Matsuev qui s’y attaque après avoir déjà enregistré le Premier avec le Philharmonique de Saint-Pétersbourg et Yuri Temirkanov pour RCA. Si Korobeinikov exploite la veine ironique de Chostakovitch, Matsuev, lui, prend ces deux œuvres au premier degré. Avec son toucher musclé, charpenté à défaut d’être nuancé, il met surtout en valeur la dimension virtuose, pour ne pas dire funambulesque. En Monsieur Loyal, Valery Gergiev prépare le terrain avec soin mais insiste lui aussi sur le brio de l’interprétation plus que sur les sous-entendus multiples que se cachent derrière le Premier Concerto. Le Deuxième concerto, œuvre de pure démonstration sans la richesse de son aîné, est bien plus réussi. Pour accompagner cette paire, le choix de Cinquième concerto pour piano de Rodion Chédrine (il en a écrit six jusqu’à aujourd’hui) est à la fois logique et navrant : on y reconnaît un héritier des Prokofiev et Chostakovitch, mais on mesure aussi l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui cette tradition russe.
Pablo Galonce

Chostakovitch : Concerto pour piano n° 1 op. 35 - Concerto pour piano n° 2 op. 102 - Chédrine : Concerto pour piano n° 5
Denis Matsuev (piano), Timur Martynov (trompette)
Orchestre du Théâtre Mariinsky
Direction musicale : Valery Gergiev
1 SACD Mariinsky
1 h 13 min

mis en ligne le dimanche 5 février 2012

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