Jeudi 25 avril 2024
Tolède vaut bien deux messes
Alonso Lobo, l’autre maître de la Renaissance espagnole
Misas \"Prudentes virgines\" - \"Beata Dei genitrix\"

Riche des ses hommes de lettres et de ses peintres d’exception, l’Espagne de Philippe II pouvait aussi être fière de ses maîtres de chapelle. Actif à la cathédrale de Tolède, Alonso Lobo (1555-1617) n’a pas la renommée des Tomás Luis de Victoria, Francisco Guerrero ou Cristóbal de Morales, les grands représentants du « Siglo de Oro » de la polyphonie. Injustement, peut-être. Les deux messes de ce programme tiennent en tout cas la comparaison. Elles sont, par ailleurs, un hommage à Guerrero, guide de Lobo à la cathédrale de Séville : chacune prend un motet du maître comme matériau de base, suivant un procédé typique de la Renaissance, pour construire un superbe édifice polyphonique. Sur ce disque, les deux motets précèdent les messes, et on peut ainsi admirer la subtilité de la transformation opérée par Lobo. Mais plus que l’exploit technique c’est l'atmosphère de recueillement qui importe ici. Comme son nom ne l’indique pas, La Grande Chapelle est dirigée par un Espagnol et composée par des chanteurs de plusieurs nationalités, mais le style et la sonorité font penser surtout aux ensembles anglais qui, de Pro Cantione Antiqua aux Tallis Scholars, ont brillé dans ce répertoire. Pas mal choisi comme modèle : l’austère interprétation sied à merveille à une musique qui refuse le moindre éclat pour se tourner vers une ferveur toute intérieure. L’édition, avec une superbe introduction et richement illustrée, est, elle aussi, de toute splendeur.
Pablo Galonce

Alonso Lobo : Messes
La Grande Chapelle
Direction musicale : Albert Recasens
1 CD Lauda LAU 013
1 h 01 min

mis en ligne le lundi 7 avril 2014

Bookmark and Share
Contact et mentions légales.
Si vous souhaitez être informé des nouveautés de Musikzen laissez votre adresse mail
De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.