Vendredi 29 mars 2024
Testostérone et raffinement extrême
Ténors wagnériens, 1er round : Jonas Kaufmann
Wagner, airs et scènes

Année Wagner, combat de ténors, round 1 : Jonas Kaufmann. Le ténor-qui-peut-tout-chanter, cette fois dans son arbre généalogique. Tous les emplois wagnériens y sont, même Siegfried, mais pas Tristan, que la star doit réserver comme apothéose de sa carrière. Caractéristiques du phénomène : un timbre sombre, de baryton presque, un sex-appeal vocal (et physique) savamment cultivé, et par-dessus tout le don de mêler déluge de testostérone et raffinement extrême, rugissement bien dosés et confidences intimes. Sur scène, dans Lohengrin ou Parsifal, le résultat est irrésistible. Sur disque, on remarque davantage les compromis techniques induits par de telles performances, que l’artiste sait mettre à profit pour être plus expressif encore. On admirera, souligné d’un geste généreux par le chef Donald Runnicles, le grand écart entre les appels de Siegmund (La Walkyrie) interminablement tenus ("Wäääälse !") et les Wesendonck Lieder, « études pour Tristan et Isolde » où le ténor se substitue au soprano avec un charme étudié. Et si vous trouvez Jonas Kaufmann trop sophistiqué, pas assez spontané, rendez-vous demain ici même pour Année Wagner, combat de ténors, round 2.
François Lafon

Extraits de : La Walkyrie; Siegfried; Rienzi; Tannhäuser; Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg, Lohengrin - Wesendonck Lieder
Jonas Kaufmann (ténor)
Orchestre du Deutschen Oper, Berlin
Direction musicale : Donald Runnicles
1 CD Decca 478 5189
1 h 14 min

mis en ligne le jeudi 25 avril 2013

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