Vendredi 19 avril 2024
Terres pas si connues
Mélodies de Saint-Saëns, fortunes diverses, par Tassis Christoyannis
Mélodies

Tel le baryton néerlandais Bernard Kruysen défendant jadis la mélodie française avec constance, le Grec Tassis Christoyannis et devenu le porte-parole – ou plutôt porte-voix – des exhumations entreprises par le Palazzetto Bru Zane des répertoires oubliés du XIXème siècle. Après Félicien David, Edouard Lalo et Benjamin Godard, Saint-Saëns annoncerait presque un retour en terres connues. Mais en matière de mélodies comme dans les (nombreux) autres domaines de la musique qu’il a fréquentés, le compositeur du Carnaval des animaux a beaucoup produit (cent-cinquante pièces entre 1841 et 1921), avec des fortunes diverses. Dans ce choix de quatre cycles soucieux de mettre en valeur l’étendue et la variété de ses talents en la matière, les Cinq Poèmes de Ronsard donnent dans la naïveté étudiée, La Cendre rouge (1914 - allusion à la Grande Guerre), dédié à Fauré, relève plutôt de la veine mélodramatique, et les Mélodies persanes (1870-1872) n’insistent pas trop sur l’orientalisme pourtant à la mode de l’époque. Mais c’est avec les Vieilles Chansons, son chant du cygne dans le genre (1921), que Saint-Saëns met le mieux son savoir-faire au service de l’Ars Gallica qu’il a tant défendu. Attentivement accompagné par Jeff Cohen, Tassis Christoyannis trouve comme toujours le juste équilibre entre bien dire et bien chanter.
François Lafon 

Mélodies persanes – Cinq Poèmes de Ronsard – Vieilles Chansons – La Cendre rouge
Tassis Christoyannis (baryton), Jeff Cohen (piano)
1 CD Aparté AP 132
1 h 12 min

mis en ligne le mercredi 19 octobre 2016

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