Vendredi 29 mars 2024
Ténor mais pas seulement
Jonas Kaufmann se passe de partenaire dans Le Chant de la Terre
Das Lied von der Erde

Double défi que ce Chant de la Terre : parce qu’il est un ténor au timbre barytonnant, Jonas Kaufmann se passe de partenaire et enchaîne les six lieder - trois dévolus au ténor, trois à l’alto ou baryton, l’immense "Abschied" final donnant la plus belle part à celle ou celui-ci ; de son côté le chef Jonathan Nott, dont l’enregistrement de la version baryton/ténor vient de sortir (voir ici), clôturant son intégrale des Symphonies de Mahler avec « son » Orchestre de Bamberg, se retrouve confronté à lui-même, cette fois à la tête du Philharmonique de Vienne. Le résultat est mitigé : relevant du burnout vocal qui l’a contraint à un long repos, capté en studio quelques jours avant de chanter l’œuvre en public, Jonas Kaufmann affronte vaillamment les casse voix que sont les lieder pour ténor, les parant des nuances, contrastes de timbre et d’intensité dont il a le secret. Il peine davantage dans la partie baryton, où ces finesses paraissent plus artificielles, occupé qu’il est à apprivoiser une tessiture moins périlleuse que celle de la partie ténor, mais qui n’est pas la sienne, se rattrapant, en grand acteur lyrique, sur les « Ewig » (éternellement) finaux. Nott l’accompagne scrupuleusement, renonçant partiellement - la personnalité melliflue des Wiener Philharmoniker aidant - au modernisme sans compromis qui fait l’originalité de son enregistrement bambergeois. 
François Lafon

Le Chant de la Terre
Jonas Kaufmann (ténor et baryton)
Orchestre Philharmonique de Vienne
Direction musicale : Jonathan Nott
1 CD Sony 88985389832
1 h 02 min

mis en ligne le vendredi 14 avril 2017

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