Vendredi 26 avril 2024
Règle de trois
Nikolai Lugansky signe le maître disque de l’année Beethoven
Late Piano Sonatas

« Entrée dans sa troisième période créatrice », « remise en question de la sonate classique » qu’il a « minée de l’intérieur dès ses premiers chefs-d’œuvre » (selon le musicographe et compositeur André Boucourechliev) : avec sa 28ème Sonate op. 101, la première qu’il destine explicitement au Hammerklavier (« Clavier aux marteaux »), Beethoven se reconnaît lui-même et plonge l’auditeur dans l’inconnu. Au lieu, comme bien d’autres, de réunir les trois dernières Sonates (op. 109, 110, 111), triple monument répondant à la contemporaine et non moins monumentale Missa Solemnis, Nikolai Lugansky saute en pointillé, pour « sa » contribution à l’anniversaire Beethoven, de cet op. 101 aux op. 109 et 111, passant la redoutable Hammerklavier (op. 106…  qu'annonce l’op. 101) et la déjà hors du temps op. 110. Un jeu de piste pas si intellectuel (reproche qu’on lui fait encore) et qui creuse le mystère plutôt qu’il ne l’épaissit, rapprochant avec maestria l’aimable op. 101 de l’op. 109, « portique des trois dernières », et débouchant sur un op. 111 d’anthologie, dont l’Arietta finale, après un Allegro XXL, élargit encore le propos pour atteindre comme rarement le sommet de complexité  et de simplicité mêlées qui a fait couler tant d’encre et suscité tant de commentaires. S’il est un disque qui domine cette année Beethoven tout entière, c’est bien celui-ci.
François Lafon 

Sonates pour piano n° 28 en la majeur op. 101, n°30 en mi majeur op. 109, n° 32 en ut mineur op. 111
Nikolai Lugansky (piano)
1 CD Harmonia Mundi HMM 902 641
1 h 09 min

mis en ligne le mardi 10 novembre 2020

Bookmark and Share
Contact et mentions légales.
Si vous souhaitez être informé des nouveautés de Musikzen laissez votre adresse mail
De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.