Samedi 20 avril 2024
Prussien de naissance, français de cœur
Florilège de Théodore Gouvy, un compositeur presque grand
Cantate, œuvres symphoniques et musique de chambre

Théodore Gouvy (1819-1898) nous est présenté comme le « Mendelssohn français ». Il y a du vrai, mais personne n’a eu l’idée de qualifier Mendelssohn de « Gouvy allemand ». Né en Sarre, sujet prussien, Gouvy partage sa vie entre la France et l’Allemagne. Parfaitement bilingue, il reçoit des distinctions dans les deux pays et revendique sa double culture. Rejetant l’omnipotence de l’opéra et de la musique « virtuose » (il n’abordera jamais le concerto), il prône la musique « sérieuse » et porte aux nues ses représentants de Bach à Brahms, au détriment de Berlioz et Liszt et en ne reconnaissant qu’avec prudence la grandeur de Wagner. Il laisse environ cent soixante ouvrages : huit symphonies, beaucoup de musique de chambre dont onze quatuors à cordes, des opéras, des partitions religieuses dont un assez célèbre Requiem, etc. Ce livre-disque témoigne de l’étendue de ses dons. Il fut « plus que potentiellement » un grand compositeur. Les Sérénades pour piano ont tout pour nourrir un bis de récital, et si la Sinfonietta et la Fantaisie pastorale pour violon et orchestre n’emportent pas tout à fait l’adhésion, les deux quatuors à cordes - en particulier celui en ut mineur opus 68 - et surtout le trio avec piano n°4 en sol majeur sont presque des chefs-d’œuvre. La cantate La Religieuse (1875) et les trois ouvertures pour orchestre, dont l’une d’après Byron et une autre d’après Schiller, témoignent d’une belle science de l’orchestration et d’un panache certain. L’exemple de Mendelssohn - ouverture de Ruy Blas - et de Schumann y est manifeste, mais sans démarquage.
Marc Vignal

Sinfonietta ; Fantaisie pour violon et orchestre ; Cantate « La Religieuse » ; Six sérénades pour piano ; Ouvertures « Le Giaour », « Jeanne d’Arc » et « Le Festival » ; Quatuors à cordes op. 56 n°2 et op. 68 ; Trio pour piano, violon et violoncelle n°4
Tedi Papavrami (violon), Clémentine Marguine (mezzo-soprano), Emmanuelle Swiercz (piano)
Quatuors Cambini et Parisii, Trio Amadis, Orchestre philharmonique royal de Liège, Orchestre national de Lorraine
Direction musicale : Christian Arming (Liège), Jacques Mercier (Lorraine)
Livre- 3 CD Palazetto Bru Zane
3 h 02 min

mis en ligne le dimanche 23 février 2014

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