Vendredi 19 avril 2024
Oreille extérieure
Sophie Karthäuser aux prises avec l’écriture piégée de Poulenc
Les anges musiciens...

Poulenc plus difficile à chanter que Mozart ? On le dirait à l’écoute de ce récital de Sophie Karthäuser, soprano belge formée à la prestigieuse Guidhall School de Londres. Le programme que cette Pamina de rêve a choisi est varié : fausse légèreté des Fiançailles pour rire (poèmes de Louise de Vilmorin), vraie folie de La Courte Paille (poèmes de Maurice Carême), désespoir entre chair et cuir de Tel jour telle nuit (poèmes de Paul Eluard), le tout encadré par le tragique C. d’Aragon (« J’ai traversé le pont de Cé ») et Les Chemins de l’amour (à trois temps) signés Jean Anouilh. Elle a pour cela une fraîcheur, une spontanéité qui s’adaptent bien à la façon dont Poulenc – tel Charles Trénet dans un autre style - habille de trompeuse légèreté les propos les plus graves. Ce qui lui a probablement manqué pour trouver l’équation texte/musique nécessaire à ce répertoire, c’est une oreille extérieure qui la persuade de l’inutilité des accents redondants (« bête » avec un effet sur le « b », etc.) et de la nécessité d’articuler, même dans l’aigu, même dans les passages rapides (et Dieu sait si l’écriture de Poulenc est riche en pièges de cette sorte). L’Américain Eugene Asti l’accompagne avec un mélange de précision et de détachement dignes du compositeur lui-même au piano.
François Lafon

Deux poèmes d'Aragon - Trois poèmes de L. Lalanne - Tel jour telle nuit - Fiançailles pour rire - La courte paille - Deux chansons pour Y. Printemps - Bleuet - Voyage à Paris - Montparnasse - Hôtel - Ce doux petit visage - Main dominée par le coeur...
Sophie Karthäuser (soprano), Eugene Asti (piano)
1 CD Harmonia Mundi HMC 902179
1 h 06 min

mis en ligne le mercredi 4 juin 2014

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