Jeudi 28 mars 2024
Opinions écornées
Dans Smetana et Janacek, le Jerusalem Quartet ose tout
 
Le même, pas pareil
Le Quatuor Prazak décante Janacek
Janacek : Quatuors à cordes n° 1 et 2 - Smetana : Quatuor à cordes n° 1

« De ma vie », « Lettres intimes », « Sonate à Kreutzer » (d’après Tolstoï) : musique pure ou opéras sans paroles ? Les deux, s’agissant de Smetana et Janacek, maîtres du théâtre lyrique recourant à l’abstraction du quatuor à cordes pour exprimer leurs tourments personnels. Un piège pour les interprètes, évoluant eux aussi entre évocation et illustration. Déchaîné, osant des sonorités qui vrillent l’oreille, des débats instrumentaux confinant à la rixe, des épanchements plaçant l’auditeur dans la situation d’un voyeur, le Jerusalem Quartet a moins de difficulté que d’autres à trancher : c’est bien à bien des drames – et des plus douloureux – que nous convient Smetana réalisant qu’il devient sourd ou Janacek évoquant sa passion pour une femme beaucoup plus jeune que lui. Mais curieusement, cette surexposition des affects, cet expressionnisme assumé n’entretiennent que davantage le mystère, comme le jeu archétypique des acteurs Kabuki. On peut détester un tel jusqu’auboutisme, préférer les interprétations non moins engagées mais plus décantées des grandes formations tchèques - des Talich aux Prazak. N’empêche que quelques opinions toutes faites – Smetana bon papa de la musique tchèque, Janacek compositeur régionaliste – en ressortent plus que jamais écornées.
François Lafon

Smetana : Quatuor à cordes n° 1 (De ma vie) - Janacek : Quatuors n°1 et 2
Jerusalem Quartet
1 CD Harmonia Mundi HMC 902178
1 h 11 min

mis en ligne le dimanche 2 février 2014

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