Jeudi 28 mars 2024
Limpide et rêveur
Matteo Fossi entraîne Schubert dans les étoiles
Schubert de l’unité au fragment

Si l’on s’étonne que les éditeurs utilisent parfois leurs pochettes pour vanter la plastique des interprètes, on est tout autant surpris de voir celle-ci dont le titre et l’austérité laissent penser qu’il s’agit de l’illustration musicale d’une thèse de musicologie. Evoquer les partitions inachevées du Wanderer est pourtant loin d’être inintéressant, et analyser ces œuvres-là en soulignant les hésitations du compositeur face à la « grande forme » l’est tout autant, mais quand le texte du livret détaille la « crise compositionnelle » (sic) de Schubert, ça refroidit toutes les passions. Or, ce qui frappe, dans l’interprétation de Matteo Fossi, c’est qu’elle repose sur la sensibilité, à l’opposé de tout décorticage. Certes, on pourrait reprocher au pianiste d’estomper un peu les inquiétudes, de jouer trop direct, presque trop agréable, mais, après tout, c’est moins un tort qu’une manière de ressentir Schubert et de nous le faire partager. Il privilégie délicatesse et poésie, entraîne tout doucement, par petites touches, vers le rêve et vers l’ailleurs. C’est, en particulier, dans les Klavierstücke, qu’il y réussit le mieux, avec un jeu d’une limpidité qui fait merveille.
Gérard Pangon

Wanderer-Fantasie D 760 ; Drei Klavierstücke D 946 ; Sonate Reliquie D 840 ; Sonate inachevée D 571
Matteo Fossi (piano)
1 CD  Hortus 141
1 h 16 min

mis en ligne le dimanche 5 février 2017

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