Vendredi 29 mars 2024
Les confidences de Britten au violoncelle
Pieter Wispelwey se mesure à l’ombre de Rostropovitch
 
Le même, pas pareil
La magie de la création
Rostropovitch et Britten en 1964
Cello Symphony – Suite pour violoncelle n° 1

Les violoncellistes ont de bonnes raisons pour ne pas se frotter aux œuvres composées à leur intention par Benjamin Britten. Celles-ci sont non seulement austères et difficiles à jouer, mais elles ont avant tout été dédiées à Mstislav Rostropovitch, qui en a laissé des enregistrements difficilement égalables. Pieter Wispelwey, qui n’a peur de rien, pas même de se mesurer aux baroqueux en jouant Bach sur un instrument monté à l’ancienne, ne s’est pas laissé impressionner. « Comment se fait-il que cette œuvre saisissante (la Cello Symphony) soit si peu jouée et si sous-estimée ? » se demande-t-il. Dirigée par Britten lui-même et jouée par Rostropovitch, cette Symphonie pour violoncelle et orchestre - où le soliste se fond davantage dans le tissu orchestral que dans un concerto – est sombre mais exaltante. « C’est le sommet de tout ce qui a jamais été composé pour le violoncelle », disait Slava, qui n’était pas à un compliment près, et qui avait remporté un triomphe lorsqu’il l’avait créée, en 1963 à Moscou. En concert, par Wispelwey et le chef japonais Seikyo Kim, l’œuvre est comme passée au scanner, mais perd l’aspect dramatique qui la rapproche des opéras composés par Britten à la même époque. Dans la 1ère Suite pour violoncelle seul (il y en a trois, que Wispelwey a déjà enregistrées en studio), le goût du détail qui caractérise le jeu de l’artiste est plus en situation. Cette galerie de peintures sonores où passent les fantômes de Debussy et de Stravinsky, reliées par une promenade rappelant les Tableaux d’une exposition de Moussorgski, en devient moins impressionnante mais plus anecdotique.
François Lafon

Cello Symphony – Suite pour violoncelle n° 1
Pieter Wispelwey (violoncelle)
Orchestre Symphonique des Flandres
Direction musicale : Seikyo Kim
1 CD Onyx 4058
1 h 04 min

mis en ligne le jeudi 22 juillet 2010

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