Vendredi 29 mars 2024
L'ondine sur le trottoir
Des habits neufs pour la Rusalka de Dvorak
Rusalka

Rusalka dans les villes, ou l’ondine qui rêve de connaître l’amour transformée en prostituée avide de rédemption. Le parallèle a souvent été fait, depuis que Jacques Lacan a rappelé que si la femme est un symptôme pour l’homme, l’homme est un ravage pour la femme. A La Monnaie de Bruxelles en 2008 (reprise filmée en 2012), le metteur en scène norvégien Stephan Herheim, connu pour un Parsifal radical à Bayreuth, a trouvé un équivalent moderne et urbain à la fable aquatique (entre Undine de La Motte Fouqué et La Petite Sirène d’Andersen) qui a inspiré à Dvorak le seul de ses opéras à être entré au répertoire international. Décor réaliste laissant paraître tout un monde fantas(ma)tique, personnages trompeusement quotidiens (Sorcière SDF, Ondin en pyjama, Prince-marin tout droit sorti d’un film de Jaques Demy) : l’étrangeté de l’original est préservé. Deux questions pourtant : qu’apporte cette transposition, et qu’en comprendront les primo-accédants au chef-d’œuvre ? Le palais en miroir (réalité/reflet, eau/air, mortalité/immortalité) de la version Robert Carsen reprise cette saison à l’Opéra Bastille (2 DVD TDK) est plus parlante. Belle direction d’Adam Fischer, jamais dépassé par les sortilèges mélodiques de Dvorak, beau plateau avec une émouvante Rusalka, un prince bien chantant et le grand Willard White en Esprit du Lac-Deus ex machina. Filmage assez plat, mais restituant honnêtement l’original.
François Lafon

Rusalka
Myrto Papatanasiu (Rusalka), Pavel Chernoch (le Prince), Annalena Persson (la Princesse étrangère), Willard White (l’Esprit du Lac), Renée Morloc (Jezibaba)
Choeur et Orchestre du Théâtre de La Monnaie, Bruxelles
Direction musicale : Adam Fischer
Mise en scène : Stefan Herheim
Réalisation : Willy Vanduren
2 DVD EuroArts 2059928
2 h 42 min

mis en ligne le dimanche 14 décembre 2014

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