Jeudi 25 avril 2024
Hédonisme contrôlé
Avec Daniel Harding, le Requiem allemand retrouve des couleurs
 
Le même, pas pareil
Recueillement dépouillé
Philippe Herreweghe
Ein Deutsches Requiem

Otto Klemperer ou Philippe Herreweghe ? Monolithique grandeur ou recueillement dépouillé ? Tel Claudio Abbado plutôt, et avec le même somptueux Chœur de la Radio Suédoise, Daniel Harding n’opte pas pour une voie médiane, mais pour un hédonisme contrôlé. Ce Requiem sans fonction liturgique, douleur intime mûrie dix ans durant et dont la composition fut réactivée par les deuils personnels de Brahms (Schumann en 1856, sa propre mère neuf ans plus tard), s’en porte fort bien. Idem pour l’Orchestre de la Radio Suédoise, dont Harding est le directeur musical et avec lequel il entretient une idylle plus durable qu’avec l’Orchestre de Paris : tempos larges, graves capiteux, riches couleurs qui sembleraient bien peu luthériennes si elles n’étaient contenues par la battue toujours un peu sèche du chef. Faisant contraste avec l’autorité désormais plus wagnérienne que schubertienne de Matthias Goerne, la voix très égale de Christiane Karg (on songe à Gundula Janowitz, rareté du timbre en moins,) apporte à tout cela une lumière bienvenue. Un beau cadeau « d’au revoir » de Daniel Harding, avant l’année sabbatique qu’il consacre, tel Karajan en son temps, à sa seconde passion : le pilotage aéronautique. 
François Lafon

Ein Deutsches Requiem
Christiane Karg (soprano), Matthias Goerne (baryton)
Choeur et Orchestre Symphonique de la Radio Suédoise
Direction musicale : Daniel Harding
1 CD Harmonia Mundi HMM 902635
1 h 11 min

mis en ligne le dimanche 22 décembre 2019

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