Jeudi 28 mars 2024
Fragiles équilibres
Mélodie française pas morte, par Stéphanie d’Oustrac
Invitation au voyage

« O le programme ambigu ! », annonce la pochette. Non contente de s’attaquer au genre délicat (dans tous les sens du terme) qu’est la mélodie française, Stéphanie d’Oustrac y fait voisiner grands noms (Duparc et Debussy), inconnus célèbres (Lili Boulanger) ou pas (Jacques de la Presle), pour finir avec l’amuseur plus profond qu’on ne le croit qu’était Reynaldo Hahn. Deux grands principes : éviter de « lâcher la voix » (un des menus péchés de l’artiste à l’opéra) et ne jamais « surindiquer l’intention », ne pas donner dans « l’art bourgeois », défauts dont Roland Barthes (Mythologies) taxait le baryton Gérard Souzay. Le résultat est probant : aucune explication de texte en effet, que le poète s’appelle Baudelaire ou le Général de la Tour, Mallarmé ou Augustine Malvina Blanchecotte. Aucun débordement vocal non plus : le timbre charnu de Stéphanie d’Oustrac, le tempérament qui le sous-tend suffisent à donner de la présence et de l’autorité à son chant. Tout juste aurait-il fallu qu’elle peaufine un peu plus sa diction, ne serait-ce que pour mieux mettre en valeur la façon dont elle jongle - en baroqueuse de formation - avec la dialectique texte/musique. Son pianiste Pascal Jourdan l’aide efficacement à maintenir ces fragiles équilibres.
François Lafon

Henri Duparc : L’Invitation au voyage ; Soupir ; Chanson triste : La Vie antérieure – Jacques de la Presle : Odelette ; Vœu ; Dédette ; Nocturne – Claude Debussy : Le Balcon ; Harmonie du Soir ; Le Jet d’eau ; Recueillement ; La Mort des amantsSoupir ; Pl
Stéphanie d\'Oustrac (mezzo-soprano), Pascal Jourdan (piano)
1 CD Ambronay Editions AMY042
1 h 11 min

mis en ligne le dimanche 30 novembre 2014

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