Vendredi 26 avril 2024
Fibre russe
Alberto Ferro, un jeune Italien en terres rachmaninoviennes
Etudes-tableaux

« Etudes », c’est-à-dire exercices de virtuosité, « Tableaux », donc expressifs, voire picturaux, mais exprimant quoi ? Rachmaninov ne l’a pas précisé, sinon à propos de cinq d’entre elles qu’Ottorino Respighi  avait souhaité orchestrer à la demande du chef Serge Koussevitzky (op. 33, 6ème : « Le petit Chaperon rouge et le Loup » ; 7ème : « Marche funèbre pour les funérailles de Scriabine »). Double difficulté donc que de mener à bien une intégrale des deux cahiers, triple même si l’on considère l’évolution entre les deux - le premier composé en 1910 à la campagne, le second en 1916-1917, en pleine guerre, par un Rachmaninov s’apprêtant à quitter Moscou pour les Etats-Unis. Jalonnée par des merveilles isolées dues à Sviatoslav Richter, Vladimir Sofronitzky ou Vladimir Horowitz, la discographie historique de cet Himalaya pianistique n’est pas si riche en intégrales « définitives », les collectionneurs de raretés restant fidèles à celle de François-Joël Thiollier (dans une remarquable somme chez RCA) davantage qu’à celle, plus médiatisée, de Vladimir Ashkenazy. Remarqué dans de nombreux concours internationaux mais pas toujours récompensé à sa juste valeur, le jeune Italien Alberto Ferro (23 ans) s’y attelle aujourd’hui, fort d’une technique adéquate (et il en faut !) et d’une fibre rachmaninovienne qui rend justice à ces dix-sept objets musicaux chargés d’affects, sans fléchir devant les points forts du double cycle, tels la fulgurante n° 9 du premier ou la marche à la fois triomphale et inquiétante qui clôt l’ensemble. 
François Lafon

Etudes-Tableaux op. 33 et 39
Alberto Ferro (piano)
1 CD Muso mu-036
1 h 01 min

mis en ligne le dimanche 12 avril 2020

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