Festival Radio France-Occitanie-Montpellier, avant-dernier jour : les musiciens du nord jouent les musiques du nord, parade artistique à la canicule ambiante. Encore auréolé du succès de son concert 2018 avec le Philharmonique de Radio France (voir
ici), le Finlandais Santtu-Matias Rouvali revient avec son Orchestre de Tampere, tandis que l’on apprend qu’il va succéder à son compatriote Esa-Pekka Salonen à la tête du London Philharmonia. Electricité des grands soirs à l’Opéra Berlioz du Corum pour un programme où Magnus Lindberg, VIP lui aussi finlandais de ce 35ème festival (voir
là), est suivi par Sibelius et précédé du Danois Nielsen. L’ouverture en forme de valse de
Maskarade, opéra national au Danemark, donne le ton : précises et dansantes, les mains du chef font flamber les rythmes et affinent les couleurs. Une mise en bouche pour un scintillant
Concerto pour clarinette de Lindberg (2002), celui-ci toujours inattendu, faisant preuve ici d’une extraordinaire liberté de ton et d’inspiration, fidèle à ses plus dogmatiques premières amours musicales tout en faisant des clins d’œil à Debussy, Messiaen et quelques autres, lyrique quand il le sent, maniant la tonalité (et l’atonalité) avec une magnanimité de grand maître, offrant même la possibilité au formidable soliste
Jean-Luc Votano, révélation venue du Philharmonique de Liège, d’inclure dans sa cadence une citation de … “Send in the Clowns” (Stephen Sondheim,
A Little Night Music). Solo initial de clarinette aussi pour la
1ère Symphonie de Sibelius, oeuvre étonnante et sous-estimée, hommage à Tchaikovski ponctué de déferlements sonores pas du tout tchaikovskiens, comme une réponse au tour de vis donné en 1899 par le tsar à « son » grand-duché de Finlande loin encore d’être libéré. Comme dans son enregistrement avec son Orchestre de Göteborg (encore un – voir
là), Rouvali met en scène ce combat militant avec un à-propos démontrant que l’engouement qu’il suscite ne relève pas de la poudre aux yeux. Ovation debout pour une
Valse triste d’anthologie donnée en bis. Demain, il clôturera le festival avec son orchestre dans un programme surprise. Journée bien commencée avec, salle Pasteur, le Trio Messiaen (David Petrlik, violon – Volodia Van Keulen violoncelle – Théo Fouchenneret, piano), remarquable d’énergie et de naturel dans les humeurs changeantes du
4ème Trio « Dumky » de Dvorak comme dans le
2ème Trio de Mendelssohn dont Brahms a fait son miel.