Vendredi 19 avril 2024
Femme fatale
Joyce DiDonato étonne son public dans Le Voyage d’hiver
Winterreise
Lotte Lehmann jadis, Christa Ludwig et Brigitte Fassbaender naguère, Noëmi Waysfeld (à sa manière, voir ici) récemment ont contribué à féminiser l’habituellement masculin Voyage d’hiver de Schubert. En diva et chef lyrique qu’ils sont, Joyce DiDonato et Yannick Nézet-Séguin vont plus loin dans la scénarisation de l’opération : c’est le piano qui endosse le rôle du Voyageur désespéré, tandis que, telle Charlotte se remémorant les lettres de Werther, la chanteuse (alias celle par qui le drame est arrivé) lit « les mots déchirants qu’il a laissés ». Astucieuse idée, piste de travail probablement inspirante, mais qu’entend-on si l’on n’a pas consulté le mode d’emploi ? Eh bien, un Voyage d’hiver enregistré live au Carnegie Hall de New York, fort bien chanté par une des plus belles voix du moment, sans distanciation particulière mais avec une propension à opératiser le lied schubertien, accompagné avec beaucoup de métier et d’à-propos par le directeur musical du MET revenu au piano pour l’occasion. Une fois admis l’option et le contexte, les fans de Joyce DiDonato applaudiront sa claire prononciation de l’allemand et admireront une fois encore sa versatilité stylistique.
François Lafon
Winterreise
Joyce Di Donato (mezzo-soprano), Yannick Nézet-Séguin (piano)
1 CD Erato 0190295284145
1 h 10 min
mis en ligne le lundi 26 avril 2021
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deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.
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