Jeudi 25 avril 2024
Fauré feutré et limpide
Le jeu intimiste et rêveur de Delphine Bardin
Barcarolles
Le gondolier mène sa barque, c'est un "barcarolo", et les chansons qu'il chante au rythme des clapotis de la lagune vénitienne sont logiquement des barcarolles. Un des charmes d'une promenade en gondole vient justement de ces balancements qui mènent la tête ailleurs et font voguer l'imagination loin du réel pour n'être plus que dans le sentiment. Ah, le Pont des Soupirs ! Que leur climat soit enjoué ou dramatique, les 13 Barcarolles de Fauré procèdent de cet esprit-là, avec un air de ne pas y toucher très caractéristique : rien ne brusque, ou presque, tout se déroule avec une évidente limpidité. Quant au nom des dédicataires de ces pièces, il amène à imaginer les salons feutrés de la fin du XIXème siècle : à madame Ernest Chausson, à madame Vincent d'Indy, à madame Léon Blum, à mademoiselle Laura Albéniz. Musicalement, Delphine Bardin se situe magnifiquement dans une perspective à la fois intimiste et rêveuse, joue sur les clairs-obscurs sans jamais forcer le trait, mène vers l'irréel sans aucune insistance. Publié dans la collection « ut pictura musica », le livret de ce joli CD met en relation l'atmosphère de ces Barcarolles avec la toile de Manet intitulée Le Grand Canal à Venise, que Denis Grenier analyse dans un texte passionnant.
Gérard Pangon
Barcarolles
Delphine Bardin (piano)
1 CD Alpha 162
59 min
mis en ligne le mardi 29 juin 2010
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De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.
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