Mercredi 24 avril 2024
Douleur et volupté
Une rencontre originale entre la viole de gambe et la lyra grecque
Lachrimæ Lyræ – Tears of Exile

D’un côté, la viole de gambe, dont les langueurs traduisent la nostalgie ; de l’autre, la lyra grecque, dont les accents lancinants reflètent un certain vague à l’âme. S’ils expriment tous deux des sentiments très proches, ces instruments ne sont jamais historiquement rencontrés jusqu’à ce qu’Andreas Linos, l’un des violistes de L’Achéron, imagine cet enregistrement, où l’on s’aperçoit que viole et lyra étaient vraiment faites pour s’entendre. A la base de ce programme, les Lachrimae or Seaven Tears composés par John Dowland en 1604 lorsqu’il était exilé à la cour de Danemark faute d’avoir trouvé sa place dans son pays natal, auxquels répondent comme en écho les pièces jouées à la lyra par Sokratis Sinopoulos, mélodies prisées au XVIème siècle par les Grecs exilés à Constantinople dans l’Empire ottoman. Même lenteur, même art de l’ondulation, même volupté dans la douleur, viole et lyra creusent les émotions de la même façon, vont chercher le petit frisson à fleur de peau. A force d'improvisations sur la musique de Dowland, on finit parfois par se demander si du Dowland pur malt ne serait pas plus prenant, même si l’humanisme de ce métissage et sa résonance pour notre temps sont louables. Le message est assez clair pour qu’on n’ait pas besoin de le souligner.
Gérard Pangon

Dowland : Improvisations à partir de Lachrimae or Seaven Tears – Anonyme : mélodies grecques traditionnelles
Sokratis Sinopoulos (lyra)
L’Achéron
Direction musicale : François Joubert-Caillet
1 CD Fuga Libera FUG 653
1 h 06 min

mis en ligne le mardi 10 septembre 2019

Bookmark and Share
Contact et mentions légales.
Si vous souhaitez être informé des nouveautés de Musikzen laissez votre adresse mail
De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.