Vendredi 19 avril 2024
Divines longueurs
Gergiev se perd puis se retrouve chez Scriabine
Symphonies Nos 3 & 4

Un peu comme les moustaches du compositeur russe, si typiques d’une époque, l’ésotérisme de Scriabine est aussi un produit de ce malaise « fin de siècle » dont ces deux symphonies se nourrissent. Avec leurs harmonies gorgées de chromatismes, dépassant parfois les limites de la tonalité classique, et leur forme apparemment libre, elles forment une paire tout à fait logique. Coulées toutes les deux dans un seul bloc, le Divin Poème (n° 2) et le Poème de l’extase (n° 3, en français aussi dans le texte) n’ont pas connu le même sort : deux fois plus longue, le Divin Poème reste une rareté dans les salles de concert, tandis que le Poème de l’extase en est un incontournable. C’est vrai qu’on s’y perd un peu dans ces allers et retours thématiques, et Gergiev n’aide pas à nous retrouver dans ce dédale de thèmes développés, puis laissés tomber, puis repris, à tel point qu’il semble lui-même impatient de passer à l’épisode suivant. Après ce Divin poème un peu prosaïque, Scriabine réussit en revanche à trouver la flamme dans les vingt minutes du Poème de l’extase, pure concentration d’énergie menée vers un climax grandiose, et c’est là que Gergiev tire le meilleiur profit d'un Symphonique de Londres des grands jours. Si seulement l'acoustique du Barbican Hall était à la hauteur de cet orchestre... 
Pablo Galonce

Symphonien° 3 ''Le Divin Poème'' - Symphonie n° 4 ''Le Poème de l'extase''.
London Symphony Orchestra
Direction musicale : Valery Gergiev.
1 SACD LSO Live LSO0771
1 h 04 min

mis en ligne le mardi 12 janvier 2016

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