Vendredi 29 mars 2024
Dialogues de cloches
Le pianiste Herbert Schuch tente un patchwork signifiant
Invocation

Bach et Murail, Liszt et Messiaen, Ravel comme parrain sur le thème « Deuil, certitude et sourire au son des cloches » : l’album concept est à la mode. Coutumier du fait, habitué à confronter Schubert et Lachenmann, Schumann et Holliger, le pianiste germano-roumain Herbert Schuch orchestre ici, sous le titre générique d'Invocation, tout un système d’échos (on n’ose dire de sons de cloches) entre Cloches d’adieu et un sourire… in memoriam Messiaen (Murail) et Cloches d’angoisse et larmes d’adieu (Messiaen lui-même), et fait suivre la Bénédiction de Dieu dans la solitude (Liszt) du choral « Nun komm der heiden Heiland » (Bach/ Busoni). Ce genre de confrontation peut être payant, voire éclairant, pour peu que l’interprète mette en lumière les parentés entre les œuvres tout en marquant leurs différences. Or on a l’impression qu’Herbert Schuch, dont le jeu délié et toujours maîtrisé rend hommage à son maître Alfred Brendel, cherche à faire de ce patchwork signifiant une seule œuvre, kaléidoscopique mais au fond unitaire. Mieux vaut donc, pour ne pas sentir la relative monotonie de l’ensemble, ne pas trop s’attacher au concept et même écouter chaque pièce à part, pour apprécier ses Lizst (belles Funérailles, extraites des Harmonies poétiques et religieuses) et son Ravel (élégante Vallée des cloches), ou pour apprécier son talent à exprimer l’idée de deuil dans la longue pièce de Messiaen.
François Lafon

Bach/ Busoni : Chorals BWV 639 et 659 ; aria BWV 127 – Murail : Cloches d’adieu et un sourire… in memoriam Messiaen – Liszt : Pater noster ; Bénédiction de Dieu dans la solitude ; Funérailles - Ravel : La Vallée des cloches - Messiaen : Cloches d'angoisse
Herbert Schuch (piano)
1 CD Naïve V 5362
1 h 08 min

mis en ligne le vendredi 19 septembre 2014

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