Vendredi 19 avril 2024
Deux problèmes pour une symphonie
Gustavo Dudamel entre dans sa maturité mahlérienne
 
Le même, pas pareil
Le regard distancié de Bruno Walter
Symphonie n° 9

La 9ème de Mahler, ou la symphonie aux deux problèmes. Faut-il d’abord pousser au noir, comme l’a fait Leonard Bernstein avec la flamme que l’on sait, cette immense méditation sur la mort, ou porter sur elle un regard distancié sinon pacifié, dans le sillage de deux autres de ses grands interprètes : son créateur Bruno Walter et plus tard Carlo Maria Giulini ? Dans quelle mesure ensuite doit-on considérer cette œuvre étrange (deux mouvements lents encadrant deux mouvement rapides, tous dans des tonalités différentes) comme une synthèse des symphonies instrumentales et des symphonies à voix de Mahler, en s’efforçant de faire « parler » les instruments ? Gustavo Dudamel, qui a attendu la trentaine pour se lancer dans ce testament géant, résout le second mieux que ses précédentes interprétations mahlériennes le laissaient présager : il nous raconte une histoire sans tomber dans l’illustration ni dans la démonstration. L’Orchestre de Los Angeles, fort de nouvelles recrues venues du Symphonique de Chicago ou du Philharmonique de Berlin, le suit jusque dans les foucades auxquelles il n’a pas renoncé (écoutez à cet effet la fin du 3ème mouvement, le "Rondo-Burlesque"). Il résout moins nettement le premier problème. La tension ne retombe jamais, mais il ne choisit pas vraiment entre l’implication alla Bernstein et la distance alla Walter. Du coup, on ne sent que par intermittences l’enjeu existentiel de l’oeuvre. En attendant, il donne là le meilleur témoignage de sa jeune et tonitruante carrière.
François Lafon

Symphonie n° 9
Orchestre Philharmonique de Los Angeles
Direction musicale : Gustavo Dudamel
2 CD Deutsche Grammophon 479 0924
1 h 25 min

mis en ligne le mercredi 29 mai 2013

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