Vendredi 19 avril 2024
Dessay et Florez comme dans un rêve (DVD)
La Somnambule de New York, originale et contestée
La Somnambule

Dix ans avec La Somnambule, ou le rêve qui vire au cauchemar. C’est en chantant le rôle à Vienne que Natalie Dessay s’est découvert un nodule sur une corde vocale. C’est en le reprenant à Paris le mois dernier qu’une pharyngite persistante l’a obligée à annuler les dernières représentations. Le public qui sera tombé un bon soir - comme celui-ci, filmé au MET de New York en mars 2009 - trouvera que le jeu en valait la chandelle. Pour une comédienne-chanteuse, comme Dessay aime à se définir, le rôle est frustrant. Cette petite paysanne suisse, que son fiancé découvre dans la chambre d’un monsieur mûr et titré où elle est entrée … en dormant, ne frôle aucun abyme métaphysique. C’est une machine à filer la mélodie bellinienne, et pas grand-chose d’autre. Eh bien - aussi fort que Maria Callas transformée par Visconti en ballerine romantique (à La Scala en 1957) -, Dessay arrive à nous faire sentir que la psychanalyse est passée par-là, et à donner du relief à cette figurine de carton découpé. La mise en scène (contestée) de Mary Zimmerman va dans ce sens. Pour donner un peu de corps à cette histoire à dormir debout, le théâtre dans le théâtre, le jeu entre répétition et représentation sont convoqués. Cela marche bien à certains moments, et s’embrouille à d’autres. Mais comme Dessay déjoue une bonne partie des pièges de cette musique faussement innocente, comme son fiancé jaloux n’est autre que Juan Diego Florez, impeccable en tenor di grazia, comme Michele Pertusi est un crédible Don Juan dépassé par les événements, comme le chef Evelino Pido a du style a défaut d’avoir de la grâce, on passe avec eux deux heures de rêve (éveillé). Comme tous les live du MET, celui-ci est présenté par une diva, en l’occurrence la wagnérienne américaine Deborah Voigt, qui ne risque pas de faire concurrence à Dessay en diaphane Somnambule.
François Lafon

La Somnambule
Natalie Dessay (Amina), Juan Diego Florez (Elvino)
Chœurs et Orchestre du Metropolitan Opera de New York
Direction musicale : Evelino Pido
Mise en scène : Mary Zimmerman
2 DVD Decca 074 3357 (2009)
2 h 25 min

mis en ligne le mardi 30 mars 2010

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