Samedi 20 avril 2024
Cavalier seul
Dans Schubert et Szymanowski, Lucas Debargue cultive sa différence
Lucas Debargue

Avec Lucas Debargue, on n’est jamais déçu. Non qu’on partage forcément sa vision, mais au moins son jeu se démarque-t-il des interprétations convenues : il affirme, depuis ses débuts, son statut de pianiste pas comme les autres, on ne voit pas pourquoi il changerait. Tout commence d’ailleurs par son choix méticuleux des œuvres, avec des associations inhabituelles qui lui permettent de faire valoir son éclectisme et ses talents, ici Schubert et Szymanowski. La pochette a beau le montrer en promeneur solitaire, il n’y pas une trace de Wanderer dans son interprétation de Schubert. Lucas Debargue se refuse à moduler la demi-teinte, ne joue ni l’errance, ni la mélancolie : il décortique la partition en petites formes successives et appuie les contrastes sans jamais aller chercher un climat rêveur et instable, comme si le romantisme se vivait aujourd'hui plus alambiqué que tourmenté. En revanche, dans la deuxième sonate de Szymanowski, créée par Arthur Rubinstein et souvent jouée par Sviatoslav Richter (dont Lucas Debargue se verrait bien l’héritier), son goût de l’analyse ajoute de la clarté tandis qu’il exacerbe les tensions, la puissance, le caractère orchestral de certains passages. Et l'on comprend mieux alors le fil conducteur de cet album : le caractère torturé que Lucas Debargue insuffle aux sonates de Schubert trouve sa résonance dans celle de Szymanowski.
Gérard Pangon

Schubert : sonates n°14 D 784 et 13 D 664 – Szymanowski : sonate n°2 op.21
Lucas Debargue (piano)
1 CD Sony 88985465632
1 h 08 min

mis en ligne le mercredi 13 décembre 2017

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